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Au pluriel

Difficile d'aborder un livre biblique sans se pencher sur les noms qu'il donne au divin (mais sans tomber pour autant, dans le travers d'une complexité inutile).

Dans les psaumes on trouvera les trois noms : El (Eloha, Elohim), Adonaï, et YHWH parfois abrégé en Yah ou Yahou.

 

El est un terme sémitique commun à plusieurs traditions (même racine que Allah), attribuant au divin une puissance (un terme qu'on sera bien sûr amené à interroger).

Le ps 150 déploie ces connotations du nom El : firmament de force, puissances, immensité (v.1-2)

André Chouraqui (dans l'intro à sa traduction de la Bible) ajoute que ce nom présente aussi le dieu comme celui vers qui on se tourne, à qui on aspire, car el est une préposition du sens de « vers, pour, dans la direction de ».

Souvent dans les psaumes on trouve le pluriel, Elohim. Le monothéisme de l'ancien Israël s'établit sur fond de polythéisme, sans le détruire tout à fait (cf Psaumes « de David »).

Faut-il voir en ce pluriel un archaïsme ? Pas sûr : le maintien dans la lettre de plusieurs faces du divin permet d'échapper à la pente qui guette le monothéisme : la perversion du religieux en totalitarisme. (Ce pluriel a aussi d'autres significations symboliques bien sûr).

 

Adonaï signifie mon maître. Traduit en grec dans la Septante par kyrios, c'est notre mot seigneur, devenu finalement dans la vie courante monsieur.

C'est un terme de respect, de déférence, et aussi un terme d'adresse. Adonaï est le dieu en tant que répondant de l'homme, que l'on prie, que l'on invoque, ou tout simplement à qui l'on parle.

 

Le tétragramme YHWH (yod hé waw hé) est peut être plus énigmatique (à moins qu'il ne soit trop simple). Moïse au buisson ardent demande à la voix (qui lui enjoint d'aller au secours de son peuple esclave en Égypte) de quel nom il doit la nommer, en quel nom il doit parler.

« Je suis/serai qui je suis/serai » est la réponse. La voix poursuit : tu diras au peuple Je suis m'a envoyé vers vous (Exode 3,14).

 

Ce texte a été amplement commenté (sans livrer de dernier mot) (bon signe). Remarquons simplement qu'en nommant « YHWH » le locuteur pose dans le même mouvement sa propre identité.

Autrement dit cette nomination a pour effet (si les mots ont un sens) de dissoudre la limite immanence/transcendance.

(D'où sans doute le réflexe « religieux trop religieux » - pour paraphraser Nietzsche - de décréter ce nom trop sacré pour le prononcer ?)

 

 

 

 

 

 

 

 

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