Petit hic : la métaphore du v.4 qui transforme les fils en flèches. Elle m'ennuie beaucoup car elle peut être le support d'une lecture pervertie.
Elle s'explique certes par le contexte. Ce psaume, comme la plupart, trouve sans doute sa forme définitive et sa place dans le recueil au retour d'exil, vers le V°siècle. Le peuple, passé tout près de la destruction, doit se reconstruire sur de nouvelles bases. « Revenir » au vrai culte, renoncer aux idoles (cf Psaumes « de David »).
Dans ce contexte faire des enfants (outre honorer la vie) permet de faire nombre face aux peuples environnants, potentiellement ennemis, potentiellement conquérants. Désir compréhensible des menacés, des faibles, des petits.
Oui mais ce légitime besoin de simple survie peut s'inverser, on ne le sait que trop aujourd'hui encore, en bien des endroits du monde, entre autres celui où vécut sans doute l'auteur de ce psaume.
La voix des faucons ne cesse d'y couvrir celle des colombes, dans un contexte politique local et international dont la complexité se prête à toutes les manœuvres. Et depuis longtemps les faucons jouent, de part et d'autres, autant des fils utilisés comme de vulgaires pions pour gagner du territoire, que des flèches désormais missiles.
Le psaume n'évoque pourtant ici ni mur ni barbelés entre les ennemis, mais se termine sur ce mot si simple de porte. Je sais bien qu'il ne faut pas être naïf et que la porte en question peut être celle d'une place-forte, celle par où on peut passer pour guerroyer.
Mais ici il s'agit de parler. Donc, si les mots ont un sens, miser sur le dialogue et non sur les armes. Se parler entre enfants des deux côtés, chacun jetant ses flèches aux poubelles de l'Histoire.
La seule façon pour eux tous, les uns et les autres, de ne plus être dévorés sans fin, de part et d'autre de la porte, par la culpabilité de toutes ces morts accumulées. De ne plus faire honte à l'humanité en eux, de ne plus perdre leur face humaine.
Qu'ils soient soldats, colons instrumentalisés par une politique stupide et contre productive, voire religieux délaissant de façon aberrante la généreuse liberté du livre au profit d'un nationalisme littéralement atterrant, d'une fétichisation de la terre.
Ou bien qu'ils soient, de l'autre côté de la porte et des check-points, une population tout autant instrumentalisée et fanatisée par nombre de ses chefs. Tout cela pour un seul résultat effectif depuis 70 ans : le triomphe de la mort.
Le triomphe, en somme, d'une logique sacrificielle perverse, inhumaine, la logique du "mode-idoles" (cf Dors je veille) à laquelle encore, à nouveau, sans cesse, il faut trouver la force de dire non.