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Ps 131 (2/3) Un enfant sevré

Le poète ne veut pas gonfler son ego de vanité, ni regarder de haut, il récuse avec le trop grand une identité en « moi-plus ». C'est à dire un mode de rapport au monde et aux autres combinant orgueil et égocentrisme.

Mais cette humilité porte l'ambivalence du pharmakon qui peut être remède ou poison.

Présentée comme facteur d'authenticité de l'être, ne recèle-t-elle pas aussi un risque, celui de son amoindrissement ? 

Le v.2 est en général compris comme redondance du premier. Cependant le mot à mot dit si ne pas j'ai calmé et j'ai fait taire mon être. Il y a donc encore une négation.

Lalou et Calame traduisent n'ai-je pas calmé et apaisé mon être ? Le point d'interrogation y rend la valeur hypothétique du « si » (Cf ce même mot dans le ps127 Si YHWH ne bâtit la maison).

Pour ma part il me semble plus juste de dire, respectant le parallélisme des deux versets je n'ai pas calmé ni fait taire mon être. On me dira oui mais alors que faire de la particule si ? On peut la comprendre, me semble-t-il, par quelque chose comme « dans ce cas ».

Ce qui enchaîne dans un esprit tout différent les deux versets : je ne me fais pas moi-plus, d'accord, mais ce n'est pas pour autant que cette option me conduit au calme, à l'inhibition et au silence.

Au lieu de comprendre le v.2 comme un renforcement du v.1, on peut le comprendre comme cherchant au contraire à prévenir la caricature de l'humilité (en effacement, en écrasement) que risquait d'induire ce v.1.

La possibilité de cette interprétation me semble ratifiée par la suite mon être est sur moi comme un enfant sevré sur sa mère. Sevré est essentiel : si on traduit nourrisson, bébé, ou même petit enfant, on fait de l'enluminure une image pieuse. Le tranchant du texte se perd dans le gnangnan.

Le sevrage d'un enfant ne se fait pas toujours sans déchirement. Pas facile de renoncer à une relation où l'on fait corps avec sa nourrice, dans un fantasme de toute puissance et de sécurité, dans une bulle narcissique dont on gardera à tout jamais la nostalgie.

Le sevrage est une étape difficile à vivre, il ne porte ni au calme ni au silence.

Il a quelque chose de violent.

Mais non pas de destructeur, au contraire, dit la suite du texte.

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