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Ps 42 (2/5) Son chant avec moi

Au début du poème, le gros plan sur la biche fascine, l'identification de l'être désirant à l'animal assoiffé piège l'affect. Et l'on risque de négliger l'arrière plan près des cours d'eau, vu comme simple décor de l'image bucolique.

Au contraire, l'image ne tire son pouvoir signifiant que du rapprochement des deux plans. La métaphore pose l'équivalence : le poète est biche assoiffée, El est eau vive.

Se plonger dans cette eau pour en rafraîchir son être, la boire ? Non, dit le poète. Moi je crie ma soif en sachant que l'eau est là, tout près. Ce que je dis ici dans ce psaume, ce ne sont ni les paroles d'un homme comblé qui a étanché sa soif, ni celles d'un désespéré perdu dans un désert aride.

Il y a ma soif, il y a l'eau, et moi je suis dans le cri du désir ainsi mon être soupire après toi Elohim.

Mes larmes sont mon pain jour et nuit quand tout le jour il m'est dit où est ton Elohim ?(4) Meurtrissant mes os ils m'outragent mes oppresseurs en me disant tout le jour où est ton Elohim ? (11)

Le désir est douleur dans le sentiment d'abandon face à l'oppresseur. Où est ton Elohim ? Question ironique et sadique que le poète a intégrée.

Avec les larmes-pain, il remâche les mots de l'amertume, les mots traumatiques : même hors de la présence de l'oppresseur, ils restent inscrits en lui pour y accomplir leur œuvre de sape.

Mais sous l'évidence aveuglante de ce pouvoir destructeur, le poète continue à affirmer la présence consubstantielle au monde. Le jour YHWH commande son amour, et la nuit son chant est avec moi prière à l'El de ma vie (v.9). Ce verset distingue-t-il deux modalités différentes de présence selon le jour ou la nuit ?

Il s'agit plutôt d'affirmer que l'amour décisif de YHWH est actif (en cours de procédure, comme on le dirait d'un programme d'ordinateur) de jour comme de nuit, donc métaphoriquement dans le malheur comme dans le bonheur.

Ainsi il n'y a pas deux chants différents, mais un seul, qui se poursuit de jour en jour, formulé mot à mot Le chant de lui avec moi, prière à l'El de ma vie.

Un chant qui est la réponse trouvée par le poète à la question torturante où est ton Elohim. Où est-il ? Son chant avec moi.

Il est dans le fait que je persiste à le chanter, il est ici-même dans mon psaume en train de se faire.

Le chant vient étayer le sujet (d'où peut être la nomination YHWH émergeant au v.9 ?), soutenir sa persévérance à être malgré la destruction systématique que veut lui imposer l'oppresseur.

Je le chante donc je suis avec lui.

Donc je suis, je persiste dans l'être (puisqu'il est l'El de ma vie).

 

 

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