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Ps 42 (3/5) Je me souviens

Mais le chant est impuissant à faire cesser le sarcasme, de retour au v.11. Cependant il peut développer la vertu d'un viatique pour traverser le temps d'oppression et nourrir l'espoir d'avenir.

Comment ? Par la remémoration du bonheur passé.

Je me souviens et je verse sur moi mon être : je passais dans la foule, je les menais en procession vers la maison d'Elohim, cris de joie et de reconnaissance d'une multitude en fête (v.5)

L'évocation du chant d'hier, le bonheur de fêter Elohim au sein de son peuple est littéralement un ressourcement, lisible dans la séquence des v. 3, 4, 5 Mon être a soif, mes larmes sont mon pain, je me souviens et je verse sur moi mon être.

En réponse à la soif du moi desséché, d'abord viennent les larmes, comme la résurgence amère de la dérision subie, des insultes bues jusqu'à la lie.

Mais ces larmes sont une eau empoisonnée qui corrode l'être, comme les mots de l'oppresseur obnubilent la pensée.

En antidote à ce poison je me souviens et je verse sur moi mon être : en faisant mémoire, je remonte à la source vive de mon être véritable.

L'acte de résistance à l'oppression devient alors possible dans une sorte de réouverture du temps. Ce qui semble perdu dans le passé va, par la grâce de la remémoration, se projeter dans un futur possible.

L'accompli (cela a été) comme appui d'un inaccompli (cela peut encore et toujours être) : tel est le passage que met en œuvre l'aspect performatif de la parole.

Le poète parviendra à persévérer dans l'être en persévérant dans la louange, en ne cessant de la réitérer. Un mouvement dont l'efficacité se lit dans la figure de style qui fonde le poème : la reprise du v.6 au v.12.

 

 

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