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Un engagement réciproque

On voit par cette formule (citée au début de la note précédente) que l'acte d'association renferme un engagement réciproque du public avec les particuliers, et que chaque individu, contractant, pour ainsi dire, avec lui-même, se trouve engagé sous un double rapport ;

savoir, comme membre du Souverain* envers les particuliers, et comme membre de l'État* envers le Souverain. (…)

Ainsi le devoir et l'intérêt obligent également les deux parties contractantes à s'entraider mutuellement.

(I,7 Du Souverain)

*Rappel. La notion de Souverain est définie par Rousseau comme le corps social dans sa modalité active, son pouvoir décisionnaire et structurant. Et celle d'état comme le même corps dans sa modalité passive, celui qui est soumis au Souverain.

 

En théorie l'entraide des parties paraît en effet logique. Mais en pratique ? En pratique il n'y pas l'intérêt mais des intérêts, multiples et surtout divergents.

Si l'on visualise le schéma de circulation à double sens, chaque individu trace une seule flèche vers le Souverain, c'est simple.

Mais dans l'autre sens, en tant que Souverain, il doit tracer une multitude de flèches, et pas seulement celle qui fait le trajet inverse du Souverain vers lui comme individu.

Ainsi le Contrat ne peut entrer en vigueur et se maintenir que si chaque contractant admet en droit les divergences d'intérêts.

Et admet que pour résoudre les conflits qu'elles provoquent nécessairement, il faut passer par un droit et des procédures reconnus par le corps social dans son ensemble, par le Souverain.

Toute la question est alors de décider sur quoi fonder ce droit, sur quelles valeurs.

 

Et c'est là où ça se complique. Un consensus sur les valeurs est relativement facile dans des sociétés fortement intégrées sous le primat d'une idéologie dominante, où l'autonomie de l'individu n'existe pas.

Consensus facile ne veut pas dire nécessairement bon.

C'est pourquoi la fondation de la démocratie moderne a interrogé un tel modèle, insoutenable au regard de la raison comme de la justice. Elle l'a fait précisément en posant la légitimité de l'autonomie individuelle.

C'est donc depuis le début la tension de la démocratie moderne : faire que l'autonomie des individus ne provoque pas des conflits incessants de valeurs à même de la paralyser encore plus gravement que les conflits d'intérêts.

 

 

 

 

 

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