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Otez les plus et les moins

Il s'ensuit de ce qui précède que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique : mais il ne s'ensuit pas que les délibérations du peuple aient toujours la même rectitude.

On veut toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours : jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c'est alors seulement qu'il paraît vouloir ce qui est mal.

(II,3 Si la volonté générale peut errer)

D'où questions.

1) Comment faire pour que la volonté de tous soit bel et bien la volonté générale ? Que la somme des différents intérêts, souvent incompatibles tels quels, soit égale à l'intérêt du corps social en tant que tel (car il est le seul porteur du véritable intérêt de chacune de ses parties cf Un changement très remarquable).

2) Par quels mécanismes démocratiques lutter contre la tromperie du peuple qui le conduit à l'aliénation (satisfaire des intérêts autres que les siens).

 

Pour le premier point, Rousseau dit ôtez des volontés particulières les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale.

Euh oui mais comment ? … a-t-on envie de répondre une fois de plus. JJ anticipe la perplexité du lecteur par la note suivante :

chaque intérêt, dit le Marquis d'Alembert, a des principes différents. L'accord de deux intérêts particuliers se forme par opposition à celui d'un tiers.

Autrement dit on avance dès qu'il s'en trouve deux pour partager un intérêt commun face à un troisième. Et en fin de compte l'intérêt totalement commun, commun à tous, se sera construit ainsi de proche en proche, par intégrations successives de sommes d'intérêts partagés.

Bruno Bernardi note à ce propos

« Philonenko a montré que le calcul intégral constituait l'arrière-plan mathématique de ce chapitre et plus généralement du livre II. La volonté de tous est la somme arithmétique des intérêts particuliers, la volonté générale est leur intégrale. »

L'ennui c'est que le calcul intégral ne marche que pour de petites différences.

Mais quand il se fait des brigues, des associations partielles aux dépens de la grande (ce que nous appelons lobbies s'agissant d'intérêts, partis ou églises ou mouvements s'agissant d'idéologies), la volonté de chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres, et particulière par rapport à l'État.

Autrement dit ces lobbies forment des États dans l'État, qui détournent à leur profit particulier un désir de faire corps qui ne peut plus alors mettre son énergie au service de la volonté générale.

D'où la réponse à la deuxième question : que s'il y a des sociétés partielles, il en faut multiplier le nombre et en prévenir l'inégalité, comme firent Solon, Numa, Servius.

Le fragile mécanisme de la volonté générale ne sera donc préservé de l'entropie que par la correction régulière de ses dérives. Ce qui se fait en partie "d'en haut", par le travail législatif.

Mais la mise en place et la préservation de la volonté générale dépend aussi et surtout des sociétés partielles. Et en leur sein de chacun des citoyens. (Au premier chef dans les partis, syndicats, associations ...)

 

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