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Point de capitale

Toutefois, si l'on ne peut réduire l'État à de justes proportions, il reste encore une ressource ; c'est de n'y point souffrir de capitale, de faire siéger le Gouvernement alternativement dans chaque ville, et d'y rassembler aussi tour à tour les États du pays. (III, 13 Suite – du 12)

 

On a donc un modèle à la fois décentralisé et fermement coordonné, une sorte de fédération. Chaque petit « État dans l'État » sera géré au plus près, mais en cohérence avec le Gouvernement central, qui seul est garant de la cohésion d'ensemble.

L'originalité proprement rousseauiste, c'est qu'on retrouve ici la double flèche caractéristique de toute la structure du Contrat social.

La centralité est nécessaire au Gouvernement pour assurer son « ministère de l'unité ». Mais il ne faut pas confondre centralité et centralisme (on sait ce qu'a pu donner le concept de centralisme démocratique).

Ne point souffrir de capitale suppose de considérer la nécessaire centralité (ou généralité) sous le seul angle symbolique (et non matériel).

S'il n'y a pas concrètement de lieu capital unique cela permet de se rappeler que tous les lieux le sont (capitaux).

Chacun peut tracer vers la centralité sa flèche, et ne se contente pas d'être sa cible.

En outre, si le gouvernement va siéger alternativement dans chaque ville, alors se met en place une circulation comparable à la circulation sanguine, dans laquelle le gouvernement fait comme le cœur office de pompe.

Assurant comme lui l'alternance diastole systole, la combinaison du centrifuge et du centripète.

Rousseau va plus loin encore avec la proposition d'y rassembler aussi tour à tour les États du pays. À la circulation à double sens centre/périphérie s'ajoute une circulation entre périphéries.

La fréquentation entre les différents sous-groupes du pays facilitera et concrétisera leur connaissance mutuelle.

Ainsi peut se construire l'aptitude à un authentique dialogue, propice à des décisions vraiment démocratiques.

Car chaque secteur élargit sa vision, et peut percevoir les problèmes selon l'ensemble de leurs données, et non seulement celles qui touchent au plus près ses intérêts propres.

Ça commence à ressembler à de la démocratie, non ?

 

Je dis n'importe quoi, mais qu'est-ce qui nous empêche d'essayer ?

Les moyens concrets, moyens de transport et de communication nécessaires à cette mobilité, nous en disposons.

Ce qu'il reste à développer c'est juste la mobilité psychique nécessaire à chaque citoyen, ville, région, pour se décentrer de son petit nombril, rond-point, clocher, terroir.

Là ça commencerait à ressembler à une république.

 

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