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Une prévoyance très nécessaire

Comme d'autres théoriciens du politique avant lui (Machiavel Montesquieu), Rousseau prend l'exemple de l'histoire romaine pour étudier l'organisation des assemblées démocratiques (IV,4 Des Comices romains).

Son propos personnel est « de voir in concreto ce qui favorise et ce qui entrave l'expression de la volonté générale dans les assemblées du peuple » dit B. Bernardi. Ce chapitre a perdu de son intérêt pour nous, si ce n'est pour rappeler que la république romaine fut le modèle inspirateur des législateurs révolutionnaires.

Et l'empire romain celui du fantasme impérial bonapartiste : bel exemple de répétition de la dégénérescence démocratique (cf note Le nom commun d'anarchie).

 

Le chap 5 propose l'institution d'un Tribunat, conservateur des lois et du pouvoir législatif. Rousseau lui assigne comme mission de vérifier qu'un magistrat nouvellement établi ne part point du pouvoir qu'avait son prédécesseur, mais de celui que la loi lui donne.

Autrement dit cette sorte de conseil constitutionnel est chargé de rectifier régulièrement les possibles erreurs de trajectoires des gouvernements.

 

De la Dictature (IV,6) envisage la possibilité de suspendre provisoirement l'autorité législative. Qu'est-ce qui est censé justifier une telle procédure ?

L'inflexibilité des lois, qui les empêche de se plier aux événements, peut en certains cas les rendre pernicieuses, et causer par elles la perte de l'État dans sa crise. L'ordre et la lenteur des formes demandent un espace de temps que les circonstances refusent quelquefois.

Il peut se présenter mille cas auxquels le législateur n'a point pourvu, et c'est une prévoyance très nécessaire de sentir qu'on ne peut tout prévoir.

La belle formulation finale (qu'on pourrait attribuer à un moraliste) ne doit pas faire oublier les usages abusifs de cette procédure d'urgence. S'il est utile en effet d'en prévoir une, on se souvient (pour ne prendre que l'exemple le plus proche de Rousseau) des dégâts de la dictature robespierriste des deux Comités. Élimination d'innocents, déchirure du corps politique, et surtout arguments pour les contre-révolutionnaires.

Aujourd'hui encore qui veut débiner la Révolution française (et au-delà tout effort révolutionnaire) y trouve un argument bien pratique.

 

 

 

 

 

 

 

 

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