L'idée chrétienne d'un royaume Spirituel séparant le système théologique du système politique (…) causa les divisions intestines qui n'ont jamais cessé d'agiter les peuples chrétiens. (IV,8 De la Religion Civile)
Pour les païens au début du christianisme, le coup du royaume de l'autre monde est une hypocrisie. Les Chrétiens ne cherchaient que le moment de se rendre indépendants et maîtres.
Et J.J. de poursuivre ce que les païens avaient craint est arrivé (…) et bientôt on a vu ce prétendu royaume de l'autre monde devenir sous un chef visible le plus violent despotisme dans celui-ci.
Pourris de papistes ...
Suite de l'histoire un chapelet de conflits entre nations avec leurs lois civiles, et despotisme papiste prétendant imposer les siennes. Négligeant avec pragmatisme le point de vue religieux (qui ne lui importe pas) mais aussi moral, Rousseau y déplore surtout le facteur d'instabilité politique.
Tout ce qui rompt l'unité sociale ne vaut rien : toutes les institutions qui mettent l'homme en contradiction avec lui-même ne valent rien.
La question est donc de concilier la Religion de l'homme et celle du Citoyen.
Le droit que le pacte social donne au Souverain ne passe point, comme je l'ai dit, les bornes de l'utilité publique. Les sujets ne doivent donc compte au Souverain de leurs opinions qu'autant que ces opinions importent à la communauté. On doit tolérer toutes (les religions) qui tolèrent les autres, autant que leurs dogmes n'ont rien de contraire aux devoirs du Citoyen.
Le petit Suisse serait-il le promoteur de la laïcité à la française ?
D'une certaine manière, sauf qu'il n'admet pas l'athéisme. Pas le spirituel bien sûr, mais le social. Il importe bien à l'État que chaque Citoyen ait une Religion qui (se rapporte) à la morale et aux devoirs que celui qui la professe est tenu de remplir envers autrui.
Cette profession de foi purement civile crée et conforte les sentiments de sociabilité, sans lesquels il est impossible d'être bon Citoyen et sujet fidèle.
Il la veut simple : divinité bienfaisante et pourvoyante, bonheur des justes, châtiment des méchants, sainteté du Contrat social et des Lois.
Simple, voire enfantine ? Je le dis sans ironie. JJ fait jouer ici le ressort archaïque de la morale, le plus sûr sans doute : chercher l'amour de bons parents.
Ce qui ne marche que si les parents sont effectivement suffisamment bons.
Genre État providence (dont le délitement durcit les rapports sociaux, ce n'est plus à démontrer).
Quant aux dogmes négatifs (ce qu'il faut refuser) je les borne à un seul : l'intolérance. Partout où l'intolérance théologique est admise, il est impossible qu'elle n'ait pas quelque effet civil. Il est impossible de vivre en paix avec des gens qu'on croit damnés. Il faut absolument qu'on les ramène ou qu'on les tourmente.
Sans commentaires : inquisition hier, djihad aujourd'hui, éternelle intolérance.