« Les lecteurs de listes sont les plus écrivains des lecteurs », écrit Charles Dantzig dans son Encyclopédie capricieuse du tout et du rien. (Grasset 2009)
Affirmation hasardeuse, gratuite, comme la plupart des affirmations (toutes, en fait). Tout dépend des listes, de ce que l'on entend par lire. Et par écrire.
Quel lecteur ne fait l'expérience, régulière ou ponctuelle, qu'en effet lire c'est écrire (concrètement ou dans sa tête comme disent les enfants) ?
D'ailleurs sans me vanter le lecteur l'aura noté c'est la profession de foi de ce blog.
Quant à les plus écrivains, cela suppose qu'on peut mesurer «l'écrivanité», la quantifier, la situer sur une échelle.
On peut trouver un écrivain intéressant, subtil, habile, suggestif, drôle, profond, sincère. Ou ne pas.
Mais comment dire s'il est «plus» ou «moins» écrivain ?
En outre si nous laissons passer sans réagir l'affirmation fallacieusement anodine les lecteurs de listes sont les plus écrivains des lecteurs, nous nous retrouverons vite fait coincés devant des questions autrement cruciales telles que : les lecteurs de listes listent-ils les écrivains qu'ils lisent ?
Ou pire : les écrivains de listes listent-ils les lecteurs qui les lisent ?
Mais j'ai tort d'ergoter, j'ai tort d'ironiser. Que s'attendre à trouver dans une encyclopédie du tout et du rien, surtout si elle est capricieuse, sinon n'importe quoi ?
Non non, ce n'est pas un reproche, bien au contraire.
Écrire (et éditer) ce type d'ouvrage est choisir la facilité. Excellent choix, la facilité. On ne le fait jamais assez souvent.
(Imaginez y a même des tordus qui se prennent la tête à lire Rousseau au lieu de twitter et facebooker la dernière infox comme les gens normaux).
Mais rassure-toi lecteur, mon cas n'est pas totalement désespéré. Dans un accès de raison, une bouffée pragmatique, j'ai décidé de ne plus consacrer d'efforts qu'à la facilité.
Ainsi donc et pour commencer, je m'en vais établir des listes personnelles sur tout, rien, et n'importe quoi.