On connaît l'ukase de Claudel : « Je suis pour tous les Jupiter contre tous les Prométhée. »
On a beau avoir perdu toute illusion sur la révolte, une telle énormité réveille le terroriste en vous.
Cioran (Aveux et anathèmes)
Ukase : alors là bravo, je cherchais le mot. Ça dit bien ce truc qui agace tellement dans le style claudélien.
Sur le fond, je trouve juste la déclaration idiote. Qu'est-ce que Jupiter sinon un Prométhée qui a réussi ?
Perso je voterais plutôt Sisyphe.
Il est plus facile d'imiter Jupiter que Lao-tseu.
Très juste. C'est plus facile parce que
Notre zèle fait merveille, quand il va secondant notre pente vers la haine, la cruauté, l'ambition, l'avarice, la trahison, la rébellion. À contrepoil vers la bénignité, la modération, il ne va ni de pied ni d'aile. (Montaigne. Essais II,12)
(Au passage, on dirait qu'il fait le lien entre l'ambition de Jupiter et la rébellion de Prométhée, non?)
Mais en fait est-ce question de facilité ou radicalement de possibilité ?
Facilement ou pas, Jupiter est imitable, car le pouvoir a ses recettes, il est reproductible. Mais imiter Lao-tseu ? Il n'y pas de recettes de sagesse (quoi qu'en disent les gourous qui en font leur buseness), un(e) sage est inimitable.
Tous les non-sages se ressemblent, les sages le sont chacun(e) à leur façon.