Ce qu'on devait se détester dans l'obscurité et dans la pestilence des cavernes ! On comprend que les peintres qui y vivotaient n'aient pas voulu éterniser la figure de leurs semblables et qu'ils aient préféré celle des animaux.
Cioran (Aveux et anathèmes)
Il y a des grottes (ou parois) où l'on peut voir des silhouettes humaines, ne lui déplaise. Ce n'est pas le plus fréquent certes, mais à cette rareté le tabou a sûrement plus de part que la misanthropie (sauf pour le sapiens cioranus son lointain ancêtre).
Cependant je dois dire la promiscuité des cavernes j'y avais jamais pensé mais j'aurais pas trop aimé non plus. Déjà la plage bondée au mois d'août dans l'odeur des crèmes solaires c'est pas facile.
Heureusement pour la survie de l'humanité, à l'époque ils devaient déjà pratiquer le modus vivendi décrit par Schopenhauer dans sa parabole des porcs-épics. (cf ce blog 29-12-2016)
D'où la question : pourquoi pas plus de dessins de porcs-épics dans les cavernes ?
Concevoir l'acte de pensée comme un bain de venin, comme un passe-temps de vipère élégiaque.
J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque. Comme souvent, j'ai trouvé un intérêt anthropologique à observer les surlignages et soulignements, parfois les commentaires des lecteurs précédents.
(Tout en déplorant leur sans-gêne et manque de respect des biens collectifs) (le genre à ne pas ramasser les crottes de leur chien, à jeter leur mégot n'importe où au lieu d'attendre la prochaine poubelle)
(je reconnais que parfois faut garder le mégot longtemps) (zut j'ai oublié d'en parler dans le cahier de doléances) (monsieur mon maire si tu me lis).
Bref tout ça pour dire que les soulignements m'ont donné confirmation que Cioran attire la sympathie plutôt des aigris grincheux fielleux.
(Quoi moi ? Je le lis par curiosité, par intérêt quasi entomologiste)
(mais je vois pas pourquoi je me sens obligée de me justifier).
Cela dit ce côté venimeux de l'acte de pensée se rencontre parfois chez Schopenhauer et même Nietzsche. Pourquoi avec eux ça passe mieux ?
(Peut être parce qu'ils n'en restent pas à la négativité et savent proposer, eux).
Bon : vipère élégiaque faut avouer que c'est très joli.