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Ecris vain

Ce matin, après avoir entendu un astronome parler de « milliards de soleils », j'ai renoncé à faire ma toilette : à quoi bon se laver encore ? 

Cioran (Aveux et anathèmes)

 

Heureusement que Louis XIV n'a pas raisonné ainsi. Déjà qu'il paraît que ça puait dans les couloirs de Versailles …

 

Le renoncement est la seule variété d'action qui ne soit pas avilissante.

Je ne m'abaisserai donc pas à exposer au lecteur les milliards de réfutations possibles de cette phrase. C'est que je n'entends pas renoncer à mon choix de la facilité.

 

Je disais l'autre jour à un ami que, tout en ne croyant plus à l'écriture, je ne voudrais pas y renoncer, que travailler était une illusion défendable et qu'après avoir gribouillé une page, ou seulement une phrase, j'avais toujours envie de siffler.

On est obligé d'en déduire un que pour lui écrire est s'avilir deux que cet avilissement le rend heureux. Mais allez j'arrête c'est trop facile c'est pas du jeu. Il n'a jamais promis de ne pas se contredire. Surtout qu'ici je souscris à fond. Bon, je ne sais pas siffler, mais à part ça j'acquiesce.

Sauf que je ne peux m'empêcher de me demander ce que signifie croire à l'écriture. Croire pour soi ? Qu'avec l'écriture on se fait du bien à soi-même, on se libère si besoin est, et va savoir on se construit ?

Ou même croire qu'il y aura des lecteurs pour vous lire ?

Oui mais alors ne risque-t-on pas d'être amené à croire que l'écriture est un acte (horresco referens) qu'elle peut faire évoluer les choses et les gens. Les philosophes le croient parfois, l'ont cru. Mais cette illusion-là ne trompe plus personne. Comme quoi le progrès n'est pas un vain mot.

Bref donc effectivement le seul argument pour écrire, c'est que gribouiller sa page est un plaisir.

 

Le fait que la vie n'ait aucun sens est une raison de la vivre, la seule du reste.

Et à coup sûr c'est la meilleure raison d'écrire.

Il n'est sujet si vain qui ne mérite un rang en cette rhapsodie, comme dit Montaigne.

(Plus je lis Cioran plus j'ai envie - besoin, surtout -  de relire Montaigne).

 

 

 

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