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Un minimum de niaiserie

Quand on est sorti du cercle d'erreurs et d'illusions à l'intérieur duquel se déroulent les actes, prendre position est une quasi-impossibilité. Il faut un minimum de niaiserie pour tout, pour affirmer et même pour nier.

Cioran (Aveux et anathèmes)

 

Voilà qui m'évoque le fameux les non-dupes errent de Lacan. Échapper à la niaiserie d'affirmer ou nier (qui est en fait la même, moyennant une inversion de signe), sauve de l'erreur, pour mieux ouvrir à l'errance.

Le jeu de mots lacanien renvoie à ce que Freud formule pour sa part « issue du complexe d'oedipe ». Le concept de Nom du Père* donnons-en une métaphore : c'est le témoin que chaque génération tend à la suivante pour qu'elle prenne le relais.

Sous peine de tourner en rond dans le cercle d'erreurs et d'illusions qui enferme dans la reproduction du passé, chaque nouvelle génération doit courir sa propre course, chercher son chemin à elle dans son temps à elle. En acceptant de ce fait l'errance (ce qui n'interdit pas d'étudier les cartes et de se procurer une boussole).

 

Connaître, vulgairement, c'est revenir de quelque chose ; connaître, absolument, c'est revenir de tout. L'illumination représente un pas de plus : c'est la certitude que désormais on ne sera plus jamais dupe, c'est un ultime regard sur l'illusion.

« Je sais que je ne sais rien » tout ça tout ça. D'accord. Mais.

Connaître implique sans doute la désillusion, faut-il pour autant la confondre avec le désintérêt, la désaffection que suppose l'expression revenir de tout.

Perdre une illusion au contraire est le meilleur moyen de vraiment regarder, observer le réel. (Sceptique signifie observateur).

Ici encore l'ab-solu est meurtre du lien (cf 3-4-19 Par principe). L'illumination dont il parle fait écho à sa célébration du néant bouddhiste. Illumination peut être, mais on voit surtout du noir, la lumière en négatif. Décidément, pour Cioran j'ai du mal à trouver un autre mot que négatif.

Non mais j'exagère c'est moi qui suis négative : il y a son humour. Noir.

 

*Oui ces majuscules lacaniennes sont très agaçantes, je trouve aussi. Mais ça se veut (en gros) un moyen de différencier le concept de la réalité. En l'occurrence le Nom n'est pas que le patronyme, et le Père n'est pas que le géniteur. Vous suivez ?

 

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