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Aphorisme et liberté

Quiconque nous cite de mémoire est un saboteur qu'il faudrait traduire en justice. Une citation estropiée équivaut à une trahison, une injure, un préjudice d'autant plus grave qu'on a voulu nous rendre service.

Cioran (Aveux et anathèmes)

 

Sans me vanter je suis très scrupuleuse sur le sujet, vérifiant plutôt deux fois qu'une que j'ai recopié exactement, donné la référence précise. Et si la citation me vient de mémoire, je ne suis pas tranquille tant que mes recherches pour la retrouver in situ n'ont pas abouti.

N'empêche, la lecture de Cioran peut être vraiment réconfortante finalement : qui n'est pas cité n'est pas saboté (le mieux est encore de n'être pas lu).

 

Démosthène copia de sa main huit fois Thucydide. C'est comme cela qu'on apprend une langue. Il faudrait avoir le courage de transcrire tous les livres qu'on aime.

En plus, pour qui aime Proust, transcrire la Recherche l'occupera agréablement jusqu'à la fin de ses jours, le dispensant de toute angoisse et douleur (autre que la crampe du copiste bien sûr).

 

La chance qu'a le romancier ou le dramaturge de s'exprimer en se déguisant, de se délivrer de ses conflits, et, plus encore, de tous ces personnages qui se bagarrent en lui ! Il en va différemment de l'essayiste, acculé à un genre ingrat où l'on ne projette ses propres incompatibilités qu'en se contredisant à chaque pas. On est plus libre dans l'aphorisme – triomphe d'un moi désagrégé …

Paradoxale lucidité sans faille d'un moi désagrégé. En tous cas devant cette analyse si juste et si bien dite, on est obligé d'admettre qu'il arrive que la critique soit un art. 

 

Le goût de la formule va de pair avec un faible pour les définitions, pour ce qui a le moins de rapport avec le réel.

C'est bien pourquoi les aphorismes ont la faveur des gens qui ont du mal avec le réel, genre Wilde, Nietzsche, Kierkegaard …

Que du beau monde, d'ailleurs.

 

 

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