« Bientôt tu seras mort et tu n'es pas encore simple, calme, invulnérable à tout dommage extérieur, bienveillant envers tous et plaçant la sagesse dans la seule pratique de la justice. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même IV,37)
Le fait de savoir que bientôt tu seras mort est-il pertinent pour motiver l'effort éthique ? À mon avis sûr que non.
Déjà c'est ce qu'on peut se dire dès la naissance, bientôt couvrant un champ temporel d'une imprécision parfaite (et puis la différence entre 1 et 100 ans, sub quadam aeternitatis specie …)
De plus le temps (c'est à dire la distance – supposée – à la fin) ne fait rien à l'affaire. Il en va comme pour commencer la gym ou le régime. Si tu dis demain ça veut dire jamais.
Bref ta vieillesse aura peu de chance de correspondre au conseil de Marco si ta jeunesse et ta maturité, ton enfance aussi, ont été totalement incapables de ces qualités.
Si à quarante ans t'as pas déjà un tant soit peu fait l'expérience de la simplicité, du calme, de la bienveillance, tout ça, achète-toi plutôt une montre qui brille, comme ça t'auras pas tout perdu.
Je dis quarante … Quant à moi, j'estime que nos âmes sont dénouées à vingt ans ce qu'elles doivent être, et qu'elles promettent tout ce qu'elles pourront. (Montaigne Essais I,37 De l'âge)
- Ouioui tout ça est bien beau, mais si peu m'importe, à moi, d'être quelqu'un de bien ?
- La question n'est pas toi, mais les autres, à qui selon que tu sois ou non simple calme etc. tu feras la vie plus douce ou plus pénible.