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Show must go on

« Homme, tu as été citoyen de cette grande cité. Que t'importe de l'avoir été cinq ans ou plus ? Ce qui est conforme aux lois est égal pour tous. Quoi de terrible si de la cité tu es renvoyé, non par un tyran ou un juge inique mais par la nature qui t'y a fait entrer ? C'est comme si le prêteur congédiait de la scène le comédien qu'il a engagé.

- Je n'ai pas joué cinq actes, mais trois !

- Exact. Mais dans la vie, trois actes font une pièce entière. En effet le terme est fixé par celui qui fut à l'origine de la composition et se trouve maintenant à celle de la dissolution. Tu n'es responsable ni de l'une ni de l'autre. Pars donc, et paisiblement, car celui qui te congédie le fait paisiblement. »

(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même XII, 36) (et dernière).

 

Émouvante pensée d'un Marc-Aurèle qui sent approcher la mort. Arrivant à l'heure du bilan ultime, il comprend qu'elle ne sonne pas ailleurs que sub quadam aeternitatis specie. Et Marco caractérise ici ce mode-éternité : trois actes font une pièce entière. Probable allusion aux dernières paroles prêtées à l'empereur Auguste : Acta est fabula (la pièce est finie) (cf ma série sur les citations latines 7-4-2018).

La phrase évoque ce que Montaigne écrit dans un état d'esprit semblable, à l'heure de son bilan à lui (en fait de nombreuses heures durant les 20 ans d'écriture des Essais) : Ni les hommes ni leur vie ne se mesurent à l'aune. (Essais I,20 Que philosopher c'est apprendre à mourir)

 

Tu n'es responsable ni de l'une ni de l'autre. Pourtant, de l'autre, la mort, dans le stoïcisme il arrive qu'on en prenne la responsabilité. Lorsqu'on se trouve dans un cas de figure où il faut envisager le suicide, pour fuir le déshonneur, la souffrance irrémédiable, la déchéance définitive.

Heureusement prendre la responsabilité de mourir peut être évité si on a de la chance, et naître ne dépend pas de nous, c'est un fait. Mais entre ces deux moments, se posent à notre responsabilité toutes sortes de questions, et beaucoup de questions pièges. Et tout ça sans joker.

Reste à se dire qu'assumer au mieux la responsabilité de notre rôle, entre l'entrée et la sortie de scène, fera de nous le mort honorable que l'on appelle un défunt (defunctus : celui qui s'est acquitté de quelque chose).

On ne choisit pas son personnage. Il arrive qu'on ait du mal à l'incarner, que la vie vous distribue contre-emploi sur contre-emploi. Mais il paraît qu'il n'y a pas de mauvais rôle, juste de mauvais comédiens.

Dont acte.

 

Fin du parcours sur Marc-Aurèle. But show ...

 

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