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Même si elle n'existe pas

« L'homme, suite à l'image (ex imagine) d'une chose passée ou future, est affecté du même affect de joie et de tristesse que suite à l'image d'une chose présente. »

(Spinoza Éthique part.3 prop.18)

 

J'ai dit plus haut (Ils rêvent les yeux ouverts) que, des 59 propositions de la partie 3, j'en laisserai de côté autant que je pourrai. Mais je m'aperçois que ce n'est pas si facile, sous peine de faillir à la mission dont je me suis auto-chargée : lire dans la précision.

Or tout ce passage sur la mise en place du mécanisme affectif, c'est comme le montage d'un meuble suédois en kit : vous ratez une étape et la bibliothèque reste bancale, voire s'effondre.

Heureusement le texte de Spinoza est nettement plus accessible que le mode d'emploi du meuble en question ...

 

Ainsi cette proposition 18 est aisément vérifiable dans notre expérience quotidienne. Le langage le dit bien : on se représente une chose, on la rend présente. Et cela même si elle n'existe pas ajoute Spinoza dans la démonstration.

Autrement dit il arrive que l'image soit un fantasme, souvenir reconstruit (ou même inventé) d'une chose passée, projection dans le futur d'une chose désirée (ayant déjà eu lieu ou pas).

Avec ce que le terme de fantasme suppose de rapport à l'inconscient.

« L'hystérique souffre de réminiscences » dit pour sa part Freud (Études sur l'hystérie 1895, il reprend la formule dans d'autres textes)

 

Spinoza ajoute (scolie 1) les affects qui naissent de semblables images des choses ne sont pas aussi constants (que si la chose est présente réellement).

Inconstance, labilité, qui rendent possible la mise à distance.

Et par là-même, si besoin est, une action thérapeutique sur d'éventuelles réminiscences traumatiques du passé, et sur les incertitudes toujours angoissantes devant l'avenir.

Inconstance, labilité, qui sont aussi celles des images du rêve, hallucinations d'où l'on émerge chaque matin.

Mais lorsque des images présentent la même constance que la réalité, on n'est plus dans la banale névrose, mais dans la psychose.

On n'est plus dans le rêve « normal », mais dans la pathologie d'un cauchemar auquel on croit dur comme fer, pour son malheur et parfois celui des autres.

 

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