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Habituellement humanité

« Nous nous efforcerons également de faire tout ce que nous imaginons que les hommes considèrent avec joie, et au contraire nous aurons de l'aversion à faire ce que nous imaginons que les hommes ont en aversion. »

(Spinoza Éthique part.3 Prop.29)

 

De l'imitation des affects découle logiquement le conformisme social, l'effet Panurge. Il peut être négatif ou positif.

« Cet effort pour faire quelque chose, ainsi que pour nous en abstenir, pour la seule raison de plaire aux hommes, s'appelle ambition, surtout quand (…) notre effort pour plaire au vulgaire est à notre détriment, ou à celui d'autrui ; autrement on l'appelle habituellement humanité. »

(Scolie prop.29)

 

L'humanité est ici définie, hors toute norme morale, comme le simple comportement par lequel on tend à se conformer, se configurer aux critères d'appartenance à l'espèce humaine.

Besoin humain fondamental : être reconnu par ses semblables comme un des leurs.

 

Ce scolie, de façon fort subtile, décèle dans l'ambition un éventuel leurre du sentiment d'appartenance et de reconnaissance. Il désigne le mécanisme de ce leurre : pour plaire au vulgaire.

Le vulgaire (latin vulgus) c'est la masse, un ensemble humain considéré de façon globale, ce qui tend à faire de ses membres des éléments relativement interchangeables, stéréotypés.

L'ambitieux qui veut plaire au vulgaire veut plaire à Monsieur Tout le monde, façon de plaire sinon à tout le monde, du moins au plus grand nombre.

Mécanisme de l'ambition du politicien en démocratie (ce qui la rend passible de populisme), du facebooker en quête effrénée de toujours plus de popularité ...

Mais voilà, dit Spinoza : c'est à son détriment, à ce pauvre ambitieux. Il renonce à sa manière d'être personnelle (cf Affirmation) pour gagner l'approbation de n'importe qui.

Bon on dira tant pis pour lui. Mais, plus grave, l'ambition est souvent au détriment d'autrui.

 

À la fin du parcours, juste avant la récapitulation de tous les affects qui clôt la partie 3, Spinoza donnera une solution pour éviter ce leurre et construire un « faire humanité » satisfaisant  : cultiver sa force d'âme (fortitudo).

« La force d'âme que je divise en vaillance et générosité.

Par vaillance (animositas, d'animus = souffle personnel), j'entends le désir par lequel chacun s'efforce de conserver son être sous la seule dictée de la raison.

Et par générosité (generositas, de genus = race), j'entends le désir par lequel chacun, sous la seule dictée de la raison, s'efforce d'aider les autres hommes et de se les lier d'amitié. »

(Scolie prop.59)

 

Sous la seule dictée de la raison … Si seulement, hein ?

 

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