Je traverse le boulevard.
À ma gauche une vieille ratatinée, le déambulateur laborieux. À ma droite un pépé avachi, la canne arythmique.
Le feu repasse au vert qu'ils sont encore au milieu du gué.
Oui, me dis-je, pourquoi se hâter d'arriver là où ils vont ?
Instinctivement je ralentis mon pas.
Dans la petite rue qui surplombe la collégiale, des voitures garées jusque sur les trottoirs. Sur le parvis une foule plus curieuse que triste signale l'enterrement d'un VIP.
Curieuse autant, je me promets de me renseigner, même si, habitante récente de la ville, j'ai peu de chances de connaître le notable ci-gisant.
Un homme en retard monte quatre à quatre l'escalier, téléphone à l'oreille. Il dit : « Oh la soixantaine ... » L'âge du défunt ? Le sien ?
La réponse de son interlocuteur (trice) le fait éclater d'un rire franc. Scandaleux manque de tact ou naïf bonheur à être encore là, au nombre des vivants sous un beau soleil hivernal ?
Je choisis le deuxième : je le partage.