Les « principal conditions » pour que s'organise la vie psychique de la foule sont selon Mc Dougall au nombre de cinq. (Freud. Psychologie des foules et analyse du moi chap.3)
« La première condition fondamentale est un certain degré de continuité dans la composition de la foule (qui) peut être matérielle ou formelle ; matérielle quand les mêmes personnes demeurent en foule un temps assez long ; formelle quand à l'intérieur de la foule s'instaurent des positions déterminées assignées à des personnes qui se relaient. »
Dans la pratique historique, la continuité matérielle du faire foule est celle des moments fondateurs, et la continuité formelle l'apanage des institutions qui en émergent.
Passage de députés rassemblés dans la salle du Jeu de Paume à la structure de l'état jacobin. De disciples regroupés dans une salle après la mort de leur rabbi à la multinationale église catholique.
« La deuxième est que se soit formée en chaque individu de la foule une représentation déterminée de la nature, de la fonction, des réalisations et des exigences de la foule, de sorte qu'il en résulte pour lui un rapport affectif à l'ensemble de la foule. »
Rôle-clé d'idéologies, de storytellings, non seulement pour structurer la pensée, mais surtout stimuler le moteur affectif de l'action.
« La troisième est que la foule soit mise en rapport avec d'autres formations de foules semblables à elle, mais pourtant s'écartant d'elle sur plusieurs points, et que, par exemple, elle rivalise avec celle-ci.
La quatrième est que la foule possède des traditions, des coutumes et des institutions, en particulier de celles qui concernent les relations réciproques de ses membres.
La cinquième est qu'il y ait dans la foule une organisation qui s'exprime dans la spécialisation et la différenciation de l'activité qui échoit à l'individu. »
On voit ici se dessiner le portrait-robot des foules partis politiques, foules religions, foules clans, foules nations : besoin d'autre(s) foule(s) posée(s) en miroir, dans un schéma antagonique. Transmission culturelle fondant et assurant la hiérarchisation de la structure.
Freud conclut qu'avec ces propriétés « il s'agit de doter la foule des propriétés-mêmes qui étaient caractéristiques de l'individu et qui s'effacèrent chez lui du fait de la formation en foule. »
Un premier enfoulement déstructure l'individu, un second le reconfigure. Pourquoi pas dira-t-on, si c'est pour la bonne cause.
Déjà l'expression mérite soupçon, ce n'est plus à démontrer.
Autre problème dans l'opération l'individu perd son originalité et se coule dans un moule. Les traits de son visage sont redessinés selon un portrait-robot.
Et là ça peut vraiment craindre.