Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Foules sentimentales (16/16) Libido et liberté

« Au cours de cette recherche, maintenant parvenue à un terme provisoire, se sont ouvertes à nous différentes voies latérales, que nous avons d'abord évitées (…) Nous allons maintenant revenir sur une partie de ce que nous avons laissé de côté. »

(Freud Psychologie des foules et analyse du moi chap.12 Annexes)

 

Et de cette partie pour ma part je retiens les trois points suivants.

1) « Le moment où s'est réalisé le progrès que constitue le passage de la psychologie des foules à la psychologie individuelle. »

Pour Freud (après dit-il échanges avec Otto Rank sur l'article la figure de Don Juan), le chaînon manquant entre le père de la horde et le meneur de la foule est le héros mythologique. Mais le mouvement ne s'arrête pas.

« Le mensonge du mythe héroïque culmine dans la déification du héros. » Après l'élimination par les fils du père de la horde, « la chronologie des dieux s'établirait ainsi dès lors : déesse mère/héros/dieu père (monothéismes). »

Ce qui précise-t-il n'est pas tout à fait un (éternel) retour à la case départ. Car ce dieu père est un peu plus père et un peu moins tyran. Quoique. Y a des moments on en doute, hein ?

 

2) Retour sur l'idée que les foules sont par essence sentimentales. Autrement dit elles carburent à la libido, et sont de ce fait soumises aux fluctuations de l'articulation entre pulsions sexuelles directes et inhibées quant au but.

L'occasion de mentionner le complexe d'Oedipe (occasion rarement boudée par Papa Sigmund), et d'insister sur la réversibilité entre refoulement et défoulement pour l'individu enfoulé (cf note précédente).

 

3) Relation amoureuse et enfoulement font rarement bon ménage. En particulier dans les grandes foules artificielles que sont l'Eglise et l'Armée. « La relation amoureuse entre hommes et femmes reste extérieure à ces organisations. »

Et lorsqu'il y a carrément bannissement structurel, c'est le signe certain que l'institution la ressent comme une menace vitale (ex la dead line du célibat des prêtres, inexplicable autrement).

« L'amour pour la femme (la formule a l'air d'exclure l'amour homosexuel – ce n'est pas nécessairement son propos, quoi qu'on en dise, mais disons plutôt l'amour tout court) rompt les liens à la foule propres à la race, à la division en nations et au système social des classes, et accomplit de ce fait (c'est moi qui souligne) des réalisations culturelles importantes. »

 

Aujourd'hui en beaucoup de lieux ces liens de race, nations, classes se resserrent jusqu'à l'étouffement. Cela se fait moyennant divers enfoulements réels ou virtuels, éphémères ou organisés, idéologiques et/ou religieux ou pas.

Ils ont en commun la perversion, aussi habile que paradoxale, de la réalisation culturelle importante qu'est l'individualisme moderne.

Les commentaires sont fermés.