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Du virus (6/8) Aux confins

« Confiner 1464 de confins

1) tr ind 1466 Toucher aux confins, aux limites d'un pays. La Belgique confine à, avec la France.

Être tout proche, voisin de. Les prairies qui confinent à la rivière. Fig La rêverie confine au sommeil et s'en préoccupe comme de sa frontière. (Hugo)

2) 1477 Forcer à rester dans un espace limité. Voir enfermer reléguer. Cette espèce de retraite forcée où des circonstances passagères me confinent. (Sainte-Beuve)

3) Se confiner. Se confiner chez soi. Voir se cloîtrer, s'isoler, se retirer. Fig se confiner dans un rôle voir se cantonner. »

 

Il y a toujours des confins à un territoire, et donc, de proche en proche, on n'est séparé de rien ni de personne. On me dira et si on met une frontière entre la Belgique et la France, entre la prairie et la rivière ? La frontière peut empêcher un franchissement (de l'ordre d'une loi), mais elle ne peut rien contre la contiguïté (de l'ordre du fait).

 

C'est pourquoi empêcher la transmission d'un virus (puisque c'est à lui que ce discours s'adresse) n'est une question de frontière, de traçage des limites, qu'au plus proche de chacun. Dans la contiguïté de chaque « confin ».

C'est toute la logique des fameux gestes-barrière qui rendent chacun gestionnaire de sa frontière personnelle.

Au passage remarquons ce paradoxe du contexte épidémique : protéger l'ensemble du corps social nécessite davantage de distance physique entre ses membres.

 

Avoir raison du virus requiert ainsi une intelligence collective (c'est à dire citoyenne, démocratique) qui passe par l'autonomie. Le fait pour chacun de ne pas considérer la loi (nomos) comme quelque chose qu'on vous impose de l'extérieur, mais de l'intégrer à son fonctionnement propre. Dans le cas de lois justes évidemment. À l'inverse l'autonomie conduit à la résistance, la dissidence, face à des lois injustes.

 

Le confinement a été une nécessaire propédeutique pour nos sociétés qui n'avaient pas été confrontées depuis longtemps à une maladie d'une telle puissance de contagion. Maintenant, après le passif être confiné, nous passons au pronominal (mode autonome) se confiner par le moyen des gestes-barrière.

 

À part ça la phrase de Hugo (qui en connaissait un brin sur le confinement choisi) est un peu sibylline mais fort belle. Et tiens, puisqu'on est dans ces eaux-là, en prime :

je rêve que je dors je rêve que je rêve. (Paul Éluard)

 

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