Face à face
C'est la tombée du jour. Le ciel passe au gris bleuté.
De l'autre côté du boulevard le petit immeuble vaguement haussmanien
(une de ces villas construites par les riches savonniers qui ont fait l'expansion de la ville au XIX°s)
(abritant aujourd'hui des experts comptables et autres optimisateurs fiscaux – en soi une parabole de l'évolution du capitalisme, de producteur devenu financier)
allume ses fenêtres.
Et tout à coup, avec ces yeux qui s'ouvrent sur le bleu de la nuit, la maison semble se mettre à me regarder, comme ferait un tableau de Magritte.
Pas de deux
Dans le jardin de cette maison d'en face, un cèdre étend sa ramure rectiligne en forme de montagne, exactement comme sur le drapeau libanais.
Juste devant lui, un jeune platane au tronc mince. Ses branches ondulantes ne gardent plus en ce début décembre que quelques feuilles, semblables à des froufrous sur le costume d'une danseuse.
Tels que je les vois depuis ma fenêtre, en surimpression, les deux arbres semblent des patineurs dansant leur pas de deux.
On dirait que le grand cèdre offre la solide envergure de ses bras pour assurer son partenaire prêt à s'élancer pour un périlleux axel.