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Au coin de la rue : dans l'air du temps

Au « premier confinement » selon le terme désormais consacré, le virus avait vidé la ville. De rares bus circulaient. À vide ou quasiment.

Le virus avait aussi vidé le ciel au dessus de la ville. Nous ne levions plus la tête au bruit des avions de la Patrouille de France pour admirer leurs spectaculaires figures, souvent soulignées de fumigènes bleu blanc rouge.

J'aimais sortir marcher dans les rues vides pour prendre l'air. C'était un étrange allègement. Le vide des rues me donnait la sensation d'avoir l'esprit libre (sensation qui ne m'est que fort rarement donnée).

J'aimais marcher dans le silence (seuls quelques gazouillis d'oiseaux) au milieu de l'avenue vidée de la plupart des voitures.

Et je goûtais la revanche du piéton : une sensation de liberté, d'expansion du corps enfin libéré du gardez-vous à gauche gardez-vous à droite à chaque traversée de rue.

Et puis en novembre ce fut confinement saison 2.

Ce n'était pas drôle bien sûr, mais à nouveau le plaisir, dans la ville dont la vie à nouveau se ralentissait, de retrouver la largeur des trottoirs et des places.

J'appréciais (et j'apprécie) de les voir libérés de l'invasion anarchique des tables de bistrots et restos (oui j'assume le non politiquement correct sur ce point).

Je retrouvais le plaisir des rues calmes, faciles à traverser, délestées de leur trop-plein de voitures.

Je goûtais aussi, davantage que la première fois encore, cet autre agrément de la balade en ville confinée : comme je croisais moins de monde, que j'avais le regard moins attiré par les vitrines, je me mettais à voir vraiment, à regarder, considérer, contempler les belles choses que je néglige habituellement, tant elles sont discrètes.

Je me souviens d'un jour où mon regard a pris le temps de savourer la lumière-miel dans les feuilles jaunissantes des platanes.

Puis, sur la blancheur d'une façade, il s'est nourri du rouge-betterave de trois feuilles de vigne vierge.

Ensuite je suis restée en arrêt, longtemps, devant les quelques roses encore fleuries au jardin public.

J'entendais chanter leurs couleurs, à voix radieuses et veloutées. Clairs arpèges de notes déliées pour ces jaunes-ci. Tapis chromatique wagnérien de ce buisson aux différents tons d'écarlate.

Et puis la petite, là, qui déroule une phrase suave en solo. Elle est d'un rose pour lequel il n'est pas d'autre mot que : rose.

Dans un autre jardin, ce jour-là, j'ai vu trois petits enfants sur un trampoline.

« Sauter de joie ».

Commentaires

  • Feuilleté en boucle votre saison 2, Ariane, qui m'enchante. Aussi je vous donne rendez-vous "chez moi" demain, sur la même longueur d'onde.

  • Merci, Tania. Et je ne manquerai pas le rdv : c'est toujours un vrai plaisir de feuilleter vos "textes et prétextes"

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