« N'attendez plus » « Venez profiter de nos ventes privées » « En tant que client privilégié vous pouvez bénéficier de créneaux réservés » « Pour vous seul des soldes uniques sur tous les produits des plus grandes marques » « Activez votre carte de fidélité pour gagner toujours plus de réductions » …
En fait vous savez quoi : non.
J'ai pas vraiment envie de profiter, je ne me découvre pas grand désir de bénéficier, et je traîne carrément les pieds pour activer.
En fait ben oui : attendre. Voilà. Je vais faire ça.
Surseoir. Reporter. Repousser. Patienter.
Me donner le temps de.
Fini d'arpenter les avenues du commerce, les réelles ou les virtuelles. Tant qu'à faire je vais plutôt m'asseoir au café du même nom (le seul qui ne fermera jamais) en sirotant un simple verre d'eau.
Et prendre le temps de.
Je sais que ça vous fait peur. Parce que, quand je le perds à courir après vos promotions, vos offres, mon temps c'est votre argent.
Désormais qu'on se le dise : y a pas écrit banquier pour milliardaire américain (ou asiatique ou quoi que que ce soit).
Y a pas écrit mécène pour artistes de l'aliénation.
J'ai dit un gros mot ? Et comment ça s'appelle, quand on bâtit des empires sur l'appât du gain (ou son illusion), sur le panurgisme et sur le décervelage ?
Désormais faut le savoir je vais devenir ce que je suis : libre.
Je continuerai à me nourrir, me fournir, oui, mais que ce soit si je veux, quand je veux, et ce que je veux. C'est à dire juste ce dont j'ai besoin et qui me plaît, vraiment.
C'est à dire pas tellement en somme.
Alors vous pouvez ranger la moitié de vos étals, tirer les rideaux sur les trois quarts de vos vitrines, et fermer les neuf dixièmes de vos sites.
Mot dièse j'ai déterré l'arme de guère.
Et j'avance sur le sentier de la décroissance.