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Un temps pour tout (5/16) Les mots usés

« Quel profit y a-t-il pour l'humain de tout le travail qu'il fait sous le soleil ?

(Qohélet 1,3)

 

Pour éclairer (oui si je veux) la signification du soleil, regardons la séquence initiale du chapitre, délimitée par le retour de la clausule sous le soleil.

Elle va du v.3 ci-dessus au v.9 : « Ce qui a été, c'est ce qui sera, ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil. »

Quel profit pour l'humain sous le soleil, rien de nouveau sous le soleil 

Radicale constatation du non-sens. Aux deux sens.

La vie ne progresse pas, n'avance pas. Et ne sert à rien.

Colonne pertes : tout. Colonnes profit : rien. Tout est vanité.

 

Une vie se déroulant selon un schéma cyclique du temps, rendu perceptible par la mécanique des éléments naturels.

 

Aller-retour du soleil sur son orbite  « Le soleil se lève, et le soleil se couche ; il aspire à ce lieu d'où il se lève.» (v.5)

 

Tournoiement d'un vent déboussolé  « Le vent va vers le midi et tourne vers le nord, le vent tourne, tourne et s'en va, et le vent reprend ses tours. » (v.6)

Au passage : belle écriture, non ? Le Qohèlet est beaucoup de choses sans doute, mais surtout poète.

 

Cycle de l'eau « Tous les torrents vont vers la mer, et la mer n'est pas remplie. » (v.7)

 

Quant à la terre, l'auteur la caractérise à travers le corps de l'humain. Ce qui consonne avec le livre de la Genèse, où Adam est ainsi nommé car fait de la terre (adama).

Au passage : conception écologique, non ? Cette communauté élémentaire comme fondant le lien indissociable entre l'être humain et sa planète-asile.

 

« Tous les mots sont usés, on ne peut plus les dire, l'œil ne se contente pas de ce qu'il voit, et l'oreille ne se remplit pas de ce qu'elle entend. » (v.8)

Les sens de l'humain, moyens de mise en relation avec le monde et les êtres qui le peuplent, sont eux aussi soumis à ce phénomène cyclique, négation de progrès et de gain.

Ce qu'on voit, on ne l'imprime pas, ce qui entre par une oreille sort par l'autre. Et surtout les mots ne sont que paroles paroles …

Après l'absence de sens comme direction le long d'une flèche du temps, on a ici l'absence de sens comme signification.

 

Bref, état des lieux posé en ce début du livre : le monde tourne à vide, et la vie humaine est assignée à l'insignifiance.

Les mots sont usés, on ne peut plus les dire ... Quoique.

Le Qohélet ne se prive pas d'en dire quand même un certain nombre. Car le texte ne fait que commencer.

 

Commentaires

  • Oui, ce texte de sagesse est d'un poète. Bon week-end, Ariane, vibrons encore au mot "printemps".

  • Bon week-end aussi, Tania. C'est vrai que le retour des saisons, c'est du cyclique, mais toujours neuf. Surtout le printemps, oui, mot vibrant d'énergie joyeuse.

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