Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La passion de la raison (3/22) La durée et le bonheur

Comme le dit le titre à rallonge, Germaine prévoit au départ deux parties pour De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations : l'une sur le bonheur individuel, l'autre sur le bonheur politique.

 

On verra la prochaine fois le plan de la première partie. Dans la seconde

« je compte examiner les gouvernements anciens et modernes sous le rapport de l'influence qu'ils ont laissée aux passions naturelles des hommes réunis en société

(…) je traiterai des raisons qui se sont opposées à la durée et surtout au bonheur des gouvernements, où toutes les passions ont été comprimées. (...)

je traiterai des raisons qui se sont opposées au bonheur et surtout à la durée des gouvernements, où toutes les passions ont été excitées. » (De l'influence etc. Introduction)

 

Parallèle qui est déjà une argumentation.

Le régime politique qui comprime les passions est un tue-bonheur des citoyens, ce qui à terme le condamne : elle pense encore à la Terreur bien sûr. (Depuis d'autres exemples n'ont pas manqué).

À l'inverse le régime qui compte durer en excitant toutes les passions fait un mauvais calcul. Passions des uns égale malheur des autres, et vice-versa. Résultat à terme : insatisfaction de tous.

Et forcément c'est au gouvernement que tous s'en prennent, dans une belle symétrie de raisons inverses.

 

Dans ces conditions, comment concilier durée et bonheur du gouvernement ? Germaine ne fait pas mystère de sa solution :

« Je terminerai par des réflexions sur la nature des constitutions représentatives, qui peuvent concilier une partie des avantages regrettés dans les divers gouvernements. »

Une démocratie représentative, république ou monarchie constitutionnelle, selon le mieux adapté au contexte du pays.

 

Pour des raisons pas vraiment élucidées, elle n'écrira que la 1ère partie du livre, sur le bonheur individuel.

D'une certaine manière elle le pressent : « Si les accidents de la vie ou les peines du cœur bornaient le cours de ma destinée, je voudrais qu'un autre accomplît le plan que je me suis proposé. »

 

Quant à la deuxième partie :

« Il faudrait mettre absolument de côté tout ce qui tient à l'esprit de parti* ou aux circonstances actuelles ; la superstition de la royauté, la juste horreur qu'inspirent les crimes dont nous avons été témoins, l'enthousiasme-même de la république, ce sentiment qui, dans sa pureté, est le plus élevé que l'homme puisse concevoir. Il faudrait examiner les institutions dans leur essence même. »

 

Autrement dit son projet était de reprendre, après le tumulte révolutionnaire, celui de Montesquieu dans l'Esprit des lois.

Mais voilà : les accidents de la vie en auront décidé autrement.

 

*dont on a vu les caractères et les dégâts dans la lecture précédente (Staël l'impartiale).

Les commentaires sont fermés.