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Au gré du vent (8) Un long fleuve tranquille ?

« Vous n'y pouvez rien vous êtes embarqué »

 

Bébé vous entamez la navigation bien calé dans votre moïse.

J'aime bien ce mot. On ne l'emploie plus guère il me semble, dommage il disait magnifiquement que naître a bel et bien quelque chose du sauvetage-miracle.

Moïse en son berceau flottant au fil du Nil, tel un Noé bis dans une mini-arche, échappe à l'élimination programmée par Pharaon.

De même qu'est-ce que naître sinon échapper au non-être, à l'assignation éternelle au néant ...

(Je me demande si j'ai bien fait de mettre Pascal en exergue ?)

 

Enfant c'est l'esprit vacances.

Vous êtes sur un matelas pneumatique. Vous vivez la vie au fil de l'eau, c'est vraiment la vie au gré du vent, ou la vie goutte à goutte (dit encore G. de Staël).

Vous vous en remettez aux parents.

Les soucis d'itinéraire, les incertitudes sur l'âge du capitaine, c'est pour eux, les (supposés) adultes.

Mais à vous tout est île au trésor.

 

Ado vous allez découvrir le raft.

Ça se fait en groupe, sur des eaux agitées. Là s'expriment les forces et les faiblesses de chacun, se mettent en place les principes de coopération, se discernent les enjeux.

Alors vous comprenez que pour avancer dans la vie il vous faudra accepter de vous mouiller copieusement et d'être pas mal secoué.

 

Jeune homme, jeune femme, vous naviguez en gondole au clair de lune.

Vous écrivez le roman d'amour dont vous êtes le héros, l'héroïne. Ce premier roman où l'on veut tout dire, où l'on croit tout dire, et mieux que personne ne l'a jamais fait, mieux que personne ne le fera jamais.

Longtemps après, ouvrant le tiroir où vous l'aviez oublié, vous relirez, nostalgique, cette transcription de vos battements de cœur. Vous le trouverez naïf, plein d'une enfantine ambition d'absolu, mais pas si mal écrit ma foi.

 

Adulte vous ramerez dans différentes embarcations, qui parfois se révéleront être de sacrées galères.

 

Au moment de la retraite, vous envisagerez un plan planplan genre croisière en péniche sur le canal du Midi.

 

Et puis arrivera la vieillesse, et ce jour où le chemin sera coupé par le fleuve Styx (rien que le nom, y-x, ça fait peur).

Vous n'y pourrez plus rien il vous faudra embarquer.

Ce sera le moment ou jamais d'avoir au cœur les mots de Philippe Jaccottet :

 

« Je me suis gardé léger

pour que la barque enfonce moins »

 

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