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Au gré du vent (16/16) Un bien en soi

« Quant à moi, par réalité et par perfection j'entends la même chose. »

(Spinoza Éthique Préface partie 4)

 

Juste un petit moment encore avec Spinoza, si tu permets, lecteur-trice. Sans se prendre la tête promis (la prise de tête c'est pas le genre des RA, tu l'as compris n'est-ce pas).

Dire la perfection c'est la réalité, s'entend (il me semble) comme l'incitation à se tenir devant tout ce qui est là, la simple réalité objective, quotidienne.

Hors cinéma imaginaire, hors préoccupation narcissique, se contenter d'embrasser le réel*. Oui mais comment ?

Eh bien, explique Spinoza, il faut l'outil d'idées adéquates. Celles qui visent à se faire de la réalité une idée juste, à en prendre l'exacte mesure.

Il y a un bonus : l'adéquation est source de joie, assure-t-il. Comprendre, rien ne fait davantage de bien, car c'est un bien en soi, conclut-il.

 

La faute peut être à ma fréquentation soutenue de tas de  RA et autres tas de RI, mais je trouve que c'est drôlement vrai. Comprendre est un bien en soi.

Car cette joie de comprendre n'est pas nécessairement dépendante du contenu, de la chose que l'on comprend. C'est comme quand on va voir un film au sujet dur, tragique, et qu'on sort pourtant de la salle dans une sorte d'euphorie. Pourquoi donc ? C'est qu'on ressent la joie, le dynamisme d'une création réussie.

Le fait de réfléchir, de chercher à comprendre est de la même façon un acte créateur. Et pareillement euphorisant.

Par exemple comprendre les mécanismes de ses erreurs, de ses fausses routes. Cette compréhension ne change rien à ce qui a été, ne répare pas les dégâts, ne rebâtit pas à neuf, mais elle ouvre l'asile de l'adéquation.

Se prendre comme on est, exactement, se comprendre comme on ferait d'un autre. Et alors, par-delà (ou à travers) les éventuelles amertumes, les regrets les repentirs, éprouver la joie de l'adéquation, joie paradoxale, toute d'austère douceur.

 

*En fait cela rejoint à mon sens le concept d'objectité chez Schopenhauer, qui permet, dit-il, de se situer dans l'oeil unique du monde. 

 

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