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Où en sommes-nous ?

« Monstrueuse guerre : les autres agissent au dehors, celle-ci encore contre soi se ronge et défait par son propre venin. (…)

Toute discipline la fuit. Elle vient guérir la sédition et elle en est pleine, veut châtier la désobéissance et en montre l'exemple, et, employée à la défense des lois, fait sa part de rébellion à l'encontre des siennes propres. Où en sommes-nous ? (…)

En ces maladies populaires(1), on peut distinguer sur le commencement les sains des malades ; mais quand elles viennent à durer, comme la nôtre, tout le corps s'en sent, et la tête et les talons ; aucune partie n'est exempte de corruption. »

(Montaigne Essais livre III chapitre 12 De la physionomie)

 

(1)Les guerres civiles sont des maladies populaires, car, déchirant le corps d'une nation, elles l'atteignent dans son aptitude à faire un peuple cohérent, uni dans sa diversité.

 

Ce passage est inspiré par les ravages de bandes huguenotes en Guyenne (1585).

Quand elles viennent à durer, aucune partie n'est exempte de corruption. En clair : ce n'est pas qu'il y ait quelque chose de pourri au royaume de France, désormais au royaume de France tout est pourri.

Un tel passage nous laisse à penser qu'il y eut en ces années certainement des moments où Montaigne, infiniment las, en vint à soupirer, lui aussi, tel le prince danois : mourir, dormir

 

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