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Je secoue les oreilles

« D'apprendre qu'on a dit ou fait une sottise, ce n'est rien que cela ; il faut apprendre qu'on n'est qu'un sot, instruction bien plus ample et importante.

Les faux pas que ma mémoire m'a fait si souvent, lors même qu'elle s'assure le plus de soi, ne sont pas inutilement perdus ; elle a beau me jurer à cette heure et m'assurer, je secoue les oreilles ; la première opposition qu'on fait à son témoignage me met en suspens, et n'oserais me fier d'elle en chose de poids (…).

Et n'était que ce que je fais par faute de mémoire les autres le font encore plus souvent par faute de foi(1), je prendrais toujours en chose de fait la vérité de la bouche d'un autre plutôt que de la mienne. »

(Montaigne Essais livre III chapitre 13 De l'expérience)

 

(1)De bonne foi.

 

Voici un Montaigne légèrement roublard. Il n'accuse son défaut de mémoire que pour pointer chez d'autres un bien plus grave défaut, comme le montre l'ironique retournement dans la dernière phrase.

Cela ne l'empêche pas de savoir se défier de soi, se mettre en suspens au moindre doute. Qu'il vienne de lui comme des autres, y compris en prenant le risque de leur possible mauvaise foi.

Il s'agira juste de vérifier les faits comme les dires. Bref un boulot de juge.

 

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