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Grassement et gracieusement

« Moi qui ne manie que terre à terre, hais cette inhumaine sapience qui nous veut rendre dédaigneux et ennemis de la culture du corps. J'estime pareille injustice de prendre à contre cœur les voluptés naturelles que de les prendre trop à cœur. (…)

Il ne les faut ni suivre, ni fuir, il les faut recevoir. Je les reçois un peu plus grassement et gracieusement, et me laisse volontiers aller vers la pente naturelle.

Nous n'avons que faire d'exagérer leur inanité ; elle se fait assez sentir et se produit(1) assez. »

(Montaigne Essais livre III chapitre 13 De l'expérience)

 

(1)Montre son évidence.

 

« Il ne les faut ni suivre ni fuir il les faut recevoir. » Si l'on met en regard de cette phrase cette autre  "Il faut retenir à tout nos dents et nos griffes l'usage des plaisirs de la vie, que nos ans nous arrachent des poings, les uns après les autres." (I,39 De la solitude), on mesure le chemin parcouru par Montaigne vers l'apaisement, ce lâcher-prise positif dont je parlais la dernière fois.

Ce climat d'apaisement, de totale acquiescentia in se ipso*, d'aptitude à la simple joie de vivre, il imprime sa marque toute de beauté, de lumière, aux dernières pages des Essais, que nous abordons ici.

 

*Pour le dire avec Spinoza. Un assentiment à soi qui rend possible un rapport libre et joyeux aux autres et au monde.

 

 

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