« Peut être le rire aussi a-t-il encore un avenir ! Lorsque le principe ''l'espèce est tout, un seul n'est jamais rien '' – aura été incorporé par l'humanité et que l'accès à cette ultime libération et irresponsabilité sera ouvert à tous à tout instant. Peut être alors le rire sera-t-il lié à la sagesse, peut être n'y aura-t-il plus alors qu'un ''gai savoir''.
En attendant, il continue d'en aller tout autrement, en attendant, la comédie de l'existence n'a pas encore ''pris conscience'' d'elle-même, en attendant, c'est encore l'époque de la tragédie, l'époque des morales et des religions. »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre, n°1 : Les théoriciens du but de l'existence)
Le point le plus dérangeant, dans la philosophie de Nietzsche, c'est que son humanisme (car c'en est un) se construit sur le travail de sape de ce que beaucoup, au contraire, considèrent comme ses fondations.
Sa lecture secoue, dépouille, déstabilise. Elle est, dans le travail de penser, dans l'art de penser, d'une exigence comparable à l'entraînement du danseur de corde qui cherche l'équilibre sur son fil.
Avec pour seuls garde-fous, pour seuls garde-corps, sa souplesse et sa légèreté.