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Je ne veux pas y croire

« n°2 : La conscience morale en matière intellectuelle

Je ne cesse de refaire la même expérience et ne cesse de me rebeller contre elle de nouveau, je ne veux pas y croire bien que je la touche du doigt : la plupart des hommes sont dépourvus de conscience morale en matière intellectuelle. (…)

Je veux dire ceci : la plupart des hommes ne trouvent pas méprisable de croire à telle ou telle chose et de vivre en fonction de cette croyance sans avoir au préalable pris conscience des ultimes et plus sûres raisons relatives au pour ou au contre et sans non plus se donner la peine de chercher ces raisons après coup, – les hommes les plus doués et les femmes les plus nobles font encore partie de cette ''plupart''. »

(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

 

Nietzsche place tout le ressort de la conscience dans la vérité. Or pour penser, parler, vivre en vérité, il faut se méfier de l'obstacle qu'il désigne ici : une sorte de paresse qui rend lâche à la fois au plan intellectuel et au plan moral « cette façon de voir me paraît plausible, me convient, me plaît, ou au moins ne me gêne pas, je l'adopte donc. »

Une lâcheté au sens propre. Une pensée qui se contente de l'à-peu-près, qui ne peut atteindre la justesse, faute de travailler à s'ajuster aux lois du réel comme à celles de la logique.

Or il en va de ces légères approximations, ces petits relâchements, comme des petites erreurs dans la mesure d'un angle. Si on les néglige, pour insignifiantes qu'elles soient chacune séparément, au fur et à mesure de leur cumul, leur écart d'avec la justesse sera devenu abyssal. Un écart jamais sans conséquences.

 

Commentaires

  • C'est d'une telle exigence d'aller jusqu'aux "ultimes et plus sûres raisons relatives au pour ou au contre". La foi n'est-elle pas d'un autre ordre que la raison ?

  • Je n'ai évidemment pas lu, ni encore moins digéré l'ensemble de cette oeuvre si dense (et où il y a à boire et à manger), mais il est clair que Nietzsche a un rapport mystique à la vérité et à l'éthique de responsabilité. Et même, c'est à travers une identification d'ordre messianique (cf Zarathoustra, Ecce homo ...) qu'il part en guerre contre les religions (et les idéologies), lorsqu'elles sont soumission aveugle (ou cynique) à des dogmes absurdes et ravageurs pour la liberté et la responsabilité humaines. (En cela c'est d'une certaine manière une fidélité à la foi réformée exigeante de son enfance).
    Merci une fois de plus de votre lecture attentive, Tania.

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