« n°98 : À la gloire de Shakespeare.
La plus belle chose que je sache dire à la gloire de Shakespeare, la voici : il a cru en Brutus, et il n'a pas jeté le moindre grain de méfiance sur cette sorte de vertu ! C'est à lui qu'il a consacré sa meilleure tragédie – on continue aujourd'hui de la désigner sous un faux nom –, à lui et au plus terrible contenu de la haute morale. L'indépendance de l'âme ! – voilà de quoi il s'agit ici ! (…)
Et était-ce vraiment la liberté politique qui poussa le poète à partager le sentiment de Brutus, – qui en fit le complice de Brutus ? Ou bien la liberté politique n'était-elle qu'une symbolique pour quelque chose d'inexprimable ? Peut être nous trouvons-nous face à un événement et une aventure obscurs, demeurés inconnus, qu'éprouva l'âme du poète, et dont il ne put parler que par signes ?
Qu'est-ce que toute la mélancolie de Hamlet à côté de la mélancolie de Brutus ! – et peut être Shakespeare connaît-il aussi celle-ci, comme il connaissait la première, par expérience ! »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Second livre)
L'indépendance de l'âme voilà de quoi il s'agit ici : William, Friedrich, même combat ?