« n°108 : Nouveaux combats.
Après que Bouddha fut mort, on montra encore son ombre durant des siècles dans une caverne, – une ombre formidable et terrifiante. Dieu est mort : mais l'espèce humaine est ainsi faite qu'il y aura peut être encore durant des millénaires des cavernes au fond desquelles on montrera son ombre. – Et nous – il nous faut aussi vaincre son ombre ! »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
« Dieu est mort, et moi même je ne me sens pas très bien » ajoute Woody Allen.
Nietzsche ne se sent pas bien non plus, mais ça ne le fait pas rire. Il est trop conscient de la force terrifiante de l'ombre, de l'obscurantisme qui construit un dieu à son image, un dieu à la face obscure.
La caverne est bien sûr allusion à Platon : Nietzsche a su, comme Spinoza ou Montaigne avant lui, comme Freud après lui, qu'il y a une forme d'idéalisme qui peut n'être qu'un négatif de l'obscurantisme (et vice versa). Alors on ne sait voir le monde qu'en blanc et noir, ignorant toutes les nuances de couleurs qui font la vie.
Ce sont deux dangers qui se répondent et s'alimentent mutuellement, deux ombres formidables sur la lumière de la vie.