« n° 121 : La vie, nullement un argument.
Nous nous sommes arrangé un monde dans lequel nous pouvons vivre – en admettant des corps, des lignes, des surfaces, des causes et des effets, le mouvement et le repos, la forme et le contenu : sans ces articles de foi nul homme ne supporterait aujourd'hui de vivre ! Mais cela ne revient pas encore à les prouver. La vie n'est pas un argument : parmi les conditions de la vie, il pourrait y avoir l'erreur. »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
Tous ces termes, lignes, surfaces etc. sont une allusion évidente à Spinoza, qui entreprend de traiter des affects en mode géométrique. Spinoza fait de la géométrie un moyen d'observation et de gestion des affects. Pas moins, mais pas plus. Il sait bien, lui aussi, que la vie n'obéit pas à une argumentation, que vivre n'est pas soutenir une thèse. Que c'est plutôt, pour la nature comme pour nous les humains, produire des essais, non au sens universitaire bien sûr, mais au sens de Montaigne.
Et qui dit essais, dit passage par des erreurs à certains moments, des choses qui ne marchent pas, ou même qui sont nuisibles. L'essentiel est de ne faire qu'y passer. Errare humanum est, perseverare diabolicum, à ce qu'on m'a dit.