« n°154 : Divers dangers de la vie.
Vous ne savez pas ce que vous vivez, vous courez à travers la vie comme saouls, vous roulez de temps en temps au bas d'un escalier. Mais grâce à votre ébriété, vous ne vous rompez pas les membres lorsque cela arrive : vos muscles sont trop las et votre tête trop obscurcie pour trouver les pierres de cet escalier aussi dures que nous autres !
La vie est pour nous un danger plus grand ; nous sommes en verre – malheur si nous nous cognons ! Et tout est perdu si nous tombons ! »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
La métaphore de la chute dans l'escalier n'a rien d'un hasard : c'est ainsi qu'est mort le père de Friedrich. On ne saura pas si monsieur le pasteur était saoul lors de sa chute.
Mais ce qui est sûr, c'est que son fils a traversé la vie dans la conscience de sa fragilité, la conscience que, comme le verre, un rien pouvait le briser. Ou à tout le moins le fêler.