« n°257 : Par expérience.
Plus d'un ignore à quel point il est riche jusqu'à ce que l'expérience lui apprenne que les plus riches se font encore voleurs à son égard. »
(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)
Voilà un aphorisme qui peut s'appliquer à bien des domaines. Ce qui m'arrête surtout c'est son titre Par expérience. En fait, en relisant ce Gai savoir s'impose de plus en plus à moi un trait de la personnalité de Nietzsche : c'est un être sans défense. (cf aussi notes En verre du 30 avril, et Incommode du 1er mai).
Oui je sais ça peut paraître étonnant, au vu de certains textes, de ses provocations, du côté fréquemment brut et à l'emporte-pièce de sa pensée.
Mais si tout ceci était surtout, précisément la recherche d'une défense, d'une protection, pour celui qui se sait exposé, par son hypersensibilité et l'extrême acuité de son intelligence, à tous les grossiers malins sans états d'âme ?
Et suivant le principe de sa "physiologie", on peut voir un indicateur de cette défense dans son apparence physique. L'exhibition sur sa face de sa moustache monstrueuse (ben oui c'est le mot non?) semble proclamer à celle du monde « qui s'y frotte s'y pique ».
Une moustache de dur qui ne parvient pas à masquer la tendresse du beau regard inquiet de Friedrich, ce regard tellement humain trop humain.