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Vocifération de marché

« n°331 : Plutôt sourd qu'assourdi.

Autrefois, on voulait faire parler de soi : désormais, cela ne suffit plus, car le marché est devenu trop vaste, – il faut faire crier. Cela a pour conséquence que même les bons gosiers s'époumonent, et que les meilleures marchandises sont proposées par des voix enrouées : sans vocifération de marché et voix enrouée, il n'y a plus de génie.

– Voilà certes une mauvaise époque pour le penseur : il doit apprendre à trouver son silence entre deux bruits et à faire le sourd jusqu'à ce qu'il le soit. Tant qu'il ne l'a pas encore appris, il court à coup sûr le danger de périr d'impatience et de maux de tête. »

(Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Quatrième livre)

 

Aujourd'hui ce n'est peut être pas tant le cri, l'intensité du parler, qui est le problème, que la saturation du marché de l'écoute, par l'imposition d'une logorrhée tous azimuts.

Mais c'est de la même chose qu'il s'agit : de « bruit ». Le bruit n'est pas tant matériel (il l'est aussi dans beaucoup de cas) que psychologique, contribuant au brouillage de la pensée et de la communication.

Dédicace spéciale de ces phrases de Nietzsche aux députés nouvellement élus : Mesdames et Messieurs, débattez autant qu'il le faut, mais débattez sans bruit (ni fureur) (ni ressentiment). Histoire que notre démocratie ne périsse pas d'impatience et de maux de tête ...

 

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