Quatuor sur les planches. Solution : Dalton.
Du carré (d'as) au quatuor (de nases), et de Lucky Luke aux Dalton. Raccord, non ?
Durant mon enfance, quand je n'allais pas me payer une tranche de rire à Douaumont avec ma grand mère (cf 3), je jouais avec mes frères, et souvent aux cartes.
La partie finie, nous la prolongions de temps en temps par un colloque sur des sujets d'importance : quelle était notre couleur favorite ? Et parmi les « habillés » (ainsi nommions-nous les figures) quel roi, quelle dame, quel valet avait notre préférence ?
Pour ma part je passais des heures à observer leurs visages et leurs vêtements, à me répéter leurs noms : Rachel, Lancelot, David, Hector … Et pour les couleurs, le rouge ou le noir ? La rondeur du Cœur ou du Trèfle, la netteté du Carreau, le piquant … du Pique ?
Bon puisque qu'on se dit tout sachez que de cette époque je garde des goûts arrêtés. Ma couleur préférée Carreau, mon Roi David roi de Pique, ma Dame Rachel dame de Carreau, mon valet Hector, Carreau encore.
Au palmarès des moches à mon goût : César de Carreau et Judith de Cœur. Argine de Trèfle aurait été pas mal, mais le nom !
Comment peut-on s'appeler Argine qui rime avec angine et commence comme Arrgh ? Inversement, en lectrice émerveillée des légendes de la table ronde, j'aimais le nom du valet de Trèfle Lancelot, mais allez savoir pourquoi sa tête ne me revenait pas.
Et les Dalton dans tout ça ? Nous lisions bien sûr Lucky Luke avec délectation. Et comme avec les jeux de cartes, nous prolongions le plaisir par des questionnements existentiels.
« Quel Dalton tu préfères, toi ? »
Une fois éliminés les deux du milieu, qui n'avaient pas grand chose de caractéristique (à mon grand dam d'ailleurs car j'étais, dans notre trio, l'enfant du milieu) comment choisir entre Joe et Averell ? On s'en doute c'était affaire d'identification.
J'aurais bien voulu être capable de la hargne de Joe, être revêtue du même prestige de leadership sur la fratrie. Mais Averell me faisait tellement rire …
En fait, au-delà du rire, je sentais que son côté perpétuellement affamé éveillait en moi une profonde sympathie. Lui le pouvoir, la richesse, épater la galerie, bof. Ses besoins simples, concrets, signaient son authenticité, la justesse de son rapport au réel. Et pour cela je l'admirais, et l'enviais.
Naturellement ce n'est pas ainsi que je me formulais les choses à l'époque. Mais quand est-ce qu'on mange me paraissait la meilleure des questions (pour la bonne raison que moi-même je la formulais souvent). Et quand ses frères lui balançaient en choeur Tais-toi Averell, moi je pensais : tiens bon, Averell, je suis de ton côté.
Et maintenant je vous laisse plancher sur la définition suivante : problème bancaire (8 lettres).
Commentaires
Ariane, votre chronique cruciverbiste est aussi inattendue et amusante que vos définitions (pour lesquelles je donne ma langue au chat).
Contente que ça vous plaise, Tania ! J'essaie de m'amuser un peu, en ces temps moroses et anxiogènes, mais ça ne vient pas forcément. Quant aux définitions, elles ne sont pas de moi : je les ai seulement glanées au fil de mes résolutions de grilles.