« Baptiser.
Affliger d'un nom avec solennité un enfant démuni. »
(Ambrose Bierce Le dictionnaire du diable)
C'est vrai que le pauvre bébé est à la merci de lubies parentales plus ou moins inspirées, et souvent au goût du jour, qui n'est pas toujours le bon goût.
Il lui reste la solution de changer de nom dès que ce lui sera possible légalement, à sa majorité par exemple.
Mais ce n'est pas si facile :
« Voici la seule astuce du baptême : l'enfant est mouillé pour que le nom colle. »
Joli, non ? Elles sont assez nombreuses dans le livre, de telles définitions un tantinet loufoques, voire carrément surréalistes.
Et ça fait du bien, vu la teneur globalement sombre du propos.
« Bombe ou obus.
Argument de l'assiégeant en faveur de la capitulation, mis avec doigté à la portée des femmes et des enfants. »
Beaucoup de définitions de ce dictionnaire du diable sont marquées par l'expérience de la guerre vécue par Bierce*. Et encore il est mort avant de voir celle de 14, œuvre du diable particulièrement réussie, au point que depuis la méchanceté humaine a eu à cœur de ne pas démériter en ce domaine.
« Biographie.
Hommage littéraire rendu à un grand homme par un petit. »
Alors ça, ça se discute. Pour ma part je trouve que les biographies écrites par Stefan Zweig signent sa propre grandeur. Qui consiste en la capacité à comprendre finement l'autre, comme de l'intérieur. Et quel souffle dans celle qu'il consacre à Montaigne, quelle lucidité (et à son propre usage) dans celle d'Érasme.
*cf sa présentation (Appareil littéraire malveillant 23 septembre)