« Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, l'on vous ouvrira. En effet quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvre. Ou encore, qui d'entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? Ou s'il lui demande un poisson, lui donnera un serpent ? Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre père céleste donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent. » (Matthieu 7, 7-11)
Pour saisir l'enjeu de ce texte, il est nécessaire de décoder le choix des exemples.
L'opposition entre le pain et la pierre renvoie à l'épisode de la tentation de Jésus (Matthieu 4, 1-11). Jésus part au désert avant de se lancer dans sa prise de parole publique. Il jeûne quarante jours et quarante nuits : référence évidente aux quarante ans d'errance du peuple au désert après la sortie d'Égypte. Alors « Le tentateur s'approcha et lui dit : ''Si tu es le fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain'' ».
Jésus ne lui lance pas : casse-toi, lâche-moi (même si c'est le but). Sa réponse explicite la référence au Sinaï, avec cette fois le rappel du don de la Torah « Il est écrit : '' ce n'est pas seulement de pain que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
À vrai dire, ça ne cloue pas tout de suite le bec du tentateur, il faut encore deux autres citations répondant à deux autres tentations.
Mais ça finit par marcher, et la conclusion de l'épisode est très réconfortante : « Alors le diable le laisse, et voici que des anges s'approchèrent, et ils le servaient. » (Mtt 4, 11)
L'opposition entre le poisson et le serpent se décode facilement pour les premiers lecteurs de Matthieu. Le poisson était un signe de reconnaissance des premiers adeptes chrétiens car le mot en grec, ichtus, correspond à l'acronyme de jésus christ fils de dieu sauveur.
Quant au serpent, il s'agit bien sûr de celui qui, au jardin d'Éden, embobine Adam et Ève. On connaît la suite : éjection du jardin, entrée dans la rugueuse réalité : travailler pour vivre, enfanter dans la douleur, et à la fin mourir quand même. (cf Genèse 3, 14-24)
Donner le poisson et non le serpent correspond donc à l'idée du salut apporté (rendu) à l'humanité par Jésus.
Puis le texte rappelle une fois de plus que ce salut se construit, non par des rites, prières, ou professions de foi, mais par la mise en œuvre d'un bien-vivre entre humains : « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c'est là la loi et les prophètes. » (7, 12)
Enfin, exactement comme les béatitudes se concluaient par l'avertissement du prix à payer pour les incarner (cf précédent parcours 9/9), le chapitre 7 finit sur la difficulté d'accomplir les conseils de Jésus, en l'imageant par deux métaphores.
« Entrez par la porte étroite. Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s'y engagent : combien étroite est est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent. » (13-14)
« Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. » Elle résiste à la tempête et à l'inondation. Mais « tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique peut être comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. » (24-27)
Par exemple oui c'est sympa, la petite paillote sur la plage (quoique pas toujours légal, mais c'est une autre histoire), mais faut compter avec les aléas du changement climatique ...