« Ne vous posez pas en juges, afin de n'être pas jugés : car c'est de la façon dont vous jugez qu'on vous jugera, et c'est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Matthieu. 7, 1-3)
Passage amusant à visualiser. Après la poésie des lis et des petits oiseaux (cf 8), on a ici une image bien surréaliste, dont la criante absurdité vaut tous les discours.
La première phrase, reprise là encore d'une béatitude (cf précédent parcours 3/9) est un conseil de prudence. La seconde va au delà, en questionnant l'aptitude à juger elle-même.
Juger sera peut être possible, mais il y a une condition.
« Comment vas-tu dire à ton frère : ''Attends ! Que j'ôte la paille de ton œil'' ? Seulement voilà : la poutre est dans ton œil ! Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l'œil de ton frère. » (7, 4-5)
Voilà qui peut prendre un certain temps, et demande un gros travail « sur soi » comme on dit. Du coup c'est vrai que le plus simple est de ne pas porter de jugements.
Ce qui ne veut pas dire bien sûr qu'on renonce à essayer d'être juste pour son compte, et de rechercher la justice (cf 9).
Sans doute est-ce même le contraire : moins on juge au sens de cataloguer, accuser, plus on se donne les moyens d'une justice constructive, une justice, non de reproche, de châtiment et de mort, mais de réparation et de vie « afin d'être vraiment les fils de votre père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mtt. 5, 45)
Bon avec ou sans poutre dans l'œil, la chose la plus claire c'est qu'il y a du boulot.