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Petit dico (14) Insuffisance

« Ceux qui, en m'oyant dire mon insuffisance aux occupations du ménage, vont me soufflant aux oreilles que c'est dédain pour avoir (parce que j'ai) à cœur quelque plus haute science, ils me font mourir. Cela c'est sottise et plutôt bêtise que gloire. Je m'aimerais mieux bon écuyer que bon logicien. »

Essais III, 9 (De la vanité)

 

Les occupations du ménage dont il s'agit ne consistent pas à passer l'aspirateur, cirer le parquet, décrasser la baignoire, détartrer la cuvette des toilettes et faire la vaisselle. Pour cela Montaigne disposait d'employés de maison et techniciens de surface en suffisance.

Il s'agit de la gestion du domaine, du management de l'entreprise « Eyquem et fils ».

À plusieurs reprises dans les Essais il rend hommage aux qualités d'entrepreneurs de son arrière grand père Ramon et surtout de son père Pierre, qui non seulement fera prospérer le domaine agricole (cf 4) mais aussi travaillera fort habilement à dorer le blason de la famille pour pousser son fiston dans les hautes sphères.

Ce qui autorisera Michel, le premier de la famille, à se faire appeler de Montaigne tout court, et non plus Eyquem de Montaigne.

Avec un peu de vanité, assumée certes, mais non sans un tantinet de vergogne, sensible dans l'autodérision de certains passages.

Son regret de l'inaptitude à la gestion n'est pas feint.

Elle est incompétence, non mauvaise volonté, dit-il. Si le reproche à ce propos éveille un certain malaise en lui (ambiguïté de la formule qui se veut plaisante ils me font mourir), c'est surtout par mortification de n'être pas à la hauteur de ses prédécesseurs. Assortie de la culpabilité de ne pouvoir payer sa dette à leur égard avec une monnaie de même aloi.

Une culpabilité dont il s'acquitte par la minimisation de son talent propre.

« Ceux que je vois faire des bons livres sous de méchantes chausses, eussent premièrement fait leurs chausses, s'ils m'eussent cru. Demandez à un Spartiate s'il aime mieux être bon rhétoricien que bon soldat ; non pas moi que bon cuisinier, si je n'avais qui m'en servît. »

Conclusion :

Montaigne non seulement a fait un livre de génie, mais en plus sous des chausses chic : si c'est pas une sacrée chance, ça ! (Oui ceci est un petit exercice de diction).

J'aurais dû m'appliquer quand ma mère cherchait à m'apprendre la couture.

 

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