« Cet afflux d'êtres humains ne s'adressait pas seulement au célèbre chercheur, mais tout autant à ce grand médecin et ami des hommes, qui savait toujours trouver une réponse, et qui devinait là où l'état présent de la science ne lui permettait pas de savoir. On lui a mainte fois fait reproche de sa thérapeutique qui, par la richesse de ses prescriptions, ne pouvait qu'offenser les scrupules d'un esprit rationaliste. »
(Freud. Article Charcot)
Freud se reconnaît là encore dans cette façon de combiner intuition et savoir, rationalisme et pratiques floues du point de vue logique. Ce n'est pas à ses yeux un défaut, un moins, mais un plus, une richesse au service à la fois des patients et de l'avancée scientifique.
Autre qualité que Freud met au crédit de Charcot, son autorité et son brio d'enseignant :
« Comme enseignant, Charcot était littéralement fascinant, chacune de ses conférences était un petit chef d'œuvre de construction et d'articulation, à la forme achevée et à ce point pénétrant que de toute la journée on ne pouvait chasser de son oreille la parole entendue et de son esprit l'objet de sa présentation. »
Un mode d'autorité, fondé sur une certaine séduction, sur lequel on peut émettre des réserves : il présente un risque non négligeable de "gourouisme". D'ailleurs voilà sans doute une notation qui n'a pas échappé à un lecteur de Freud nommé Jacques Lacan, qui dispensa son enseignement en beau-parleur à la parole fascinante.
Bref : on est frappé par le phénomène d'identifications en chaîne, de Charcot à Freud, de Freud à Lacan. Il n'y a rien là d'étonnant, l'identification est un des ressorts essentiels de la transmission culturelle, dans tous les domaines.
« Je serai Chateaubriand ou rien », comme disait Hugo.
Qui ainsi devint Hugo.