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Sur le rêve (5) Du manifeste au latent

« L'approche qui s'impose déjà à moi tend à expliquer que le rêve est une sorte d'ersatz pour les démarches de pensée chargées d'affects et de sens auxquelles je suis parvenu une fois l'analyse achevée. (…)

J'oppose le rêve tel qu'il est donné dans le souvenir au matériau correspondant trouvé par l'analyse, je donne au premier le nom de contenu onirique manifeste, et au second – dans un premier temps sans autre différenciation que celle-là – le nom de contenu onirique latent. »

(Sigmund Freud Sur le rêve chap 2)

 

Il faut peser dans ces phrases une chose, qui est fondamentale dans la théorie freudienne. Un rêve est posé comme ne valant que par son interprétation. Non interprété, sans le décodage du manifeste pour accéder au latent, le rêve n'a qu'une fonction d'ersatz. Comme un ersatz, il suffit à pallier le besoin (pour le fonctionnement cérébral, au plan physiologique), mais laisse en suspens le désir du sujet rêvant. C'est à dire ce qui dans les démarches de pensée est chargé d'affects et de sens.

Cela étant, avec l'opposition manifeste/latent qui fait du rêve une énigme à résoudre, Freud rejoint-il la conception archaïque : le rêve est un message des dieux ?

Tiens au fait, posons-nous la question au passage : pourquoi les dieux ne parlent-ils pas un langage simple et direct, au lieu de passer par les détours de l'énigme ? La réponse est simple : ça marche mieux. Il n'est que de constater la stupéfiante mais perdurante facilité à croire les vaticinations des charlatans (au détriment des discours précis, argumentés et vérifiables). Paradoxale crédibilité du fumeux :

« Il est des humeurs comme cela, à qui l'intelligence porte dédain, qui m'en estimeront mieux de ce qu'ils ne sauront ce que je dis : ils concluront la profondeur de mon sens par l'obscurité » (Montaigne Essais III,9 De la vanité)

Mais revenons à Freud. En tant que rationaliste affirmé, pour lui le message onirique n'est évidemment pas délivré par une quelconque instance divine. Il ne vient pas au rêveur de l'extérieur, mais de lui-même. Le rêve est un message dont on est à la fois l'expéditeur et le destinataire. Un processus intra-psychique.

« Je me retrouve alors devant deux problèmes nouveaux, non formulés jusqu'à présent, qui sont de savoir :

1)quel est le processus psychique qui a transféré le contenu onirique latent dans le contenu manifeste qui m'est connu par le souvenir, et

2)quel est le motif ou quels sont les motifs qui ont exigé cette transformation ?

Au processus de transformation du contenu onirique latent en contenu manifeste, je donnerai le nom de travail du rêve. Quant au travail symétrique qui fournit la prestation inverse de re-transformation, je le connais déjà sous le nom de travail d'analyse. »

 

Commentaires

  • Merci pour le rappel de cette distinction entre "travail du rêve" et "travail d'analyse".

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