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Sur le rêve (13) Un langage poétique imagé

« Si c'est principalement au travail du déplacement qu'il faut imputer le fait qu'on ne retrouve pas ou qu'on ne reconnaisse pas les pensées du rêve (le latent donc) dans le contenu du rêve (l'apparent) (…), il est une autre sorte, plus douce, de transformation entreprise avec les pensées du rêve, qui nous amène à découvrir un type de prestation du travail onirique certes nouveau, mais facile à comprendre. »

(Sigmund Freud Sur le rêve chap 6)

 

Le contenu ne s'exprime pas « dans les formes verbales sobres dont notre pensée se sert de préférence, mais sont au contraire figurées de manière symbolique par des paraboles et des métaphores, comme dans un langage poétique imagé. »

Freud explique cela par le caractère concret et visuel de ce contenu onirique. Le rêve ne propose ni discours ni raisonnement ni longues explications. Tel certain hebdomadaire (et désormais à vrai dire la plupart de tous les media) il privilégie au poids des mots le choc des images.

« Qu'on s'imagine par exemple devoir remplacer les phrases d'un éditorial politique ou d'un plaidoyer au tribunal par une série de dessins, et l'on comprendra sans peine les modifications auxquelles la prise en compte du caractère figurable dans le contenu onirique contraint le travail du rêve. »

Il poursuit en expliquant que cela est dû au fait que ces représentations imagées rejouent souvent « des épisodes vécus 'qui ont marqué' – remontant assez souvent à la toute première enfance – qui ont donc été eux-mêmes saisis comme des situations, avec un contenu le plus souvent visuel », car l'enfant ne maîtrise pas suffisamment le langage pour traduire en mots les images, sensations, impressions (in-fans en latin : qui ne parle pas).

La référence à la vie psychique enfantine pour expliquer, non seulement la genèse d'éventuelles névroses, mais celle de la mise en place « normale » de la personnalité, est un point essentiel de la théorie freudienne (un point qui sera contesté, en particulier pour la place conférée à la sexualité infantile).

L'enfant est le père de l'homme dit-il dans une belle formule. Il analysera aussi combien l'enfant est particulièrement le père de l'artiste.

« Le contenu onirique ne consiste cependant pas exclusivement en situations : il inclut également des morceaux non altérés d'images visuelles, des paroles prononcées, voire des bribes de pensées inchangées. »

Donc des morceaux de « vécu brut » si l'on peut dire, non retravaillés. Ils subsistent en l'état dans la psyché, tel un morceau de nourriture impossible à digérer. Et si l'analyse les reconnaît comme tels, non altérés, ils permettent de repérer ce qui n'est pas passé dans le vécu d'un sujet.

Ensuite Freud se penche sur le détail du travail du rêve, qui consiste à fabriquer « un complexe psychique d'une construction tout ce qu'il y a de compliquée. »

Une construction caractérisée comme « une efficace sélection des composants les plus valables pour la création de la situation mise en scène. »

On verra à l'œuvre la prochaine fois ce rêveur metteur en scène.

 

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